Vivescia expérimente les premiers engrais décarbonés

Produits à partir d’hydrogène « vert », les engrais fournis par Fertiberia sont également crédités d’une baisse des émissions d’oxydes nitreux lors de l’application au champ. Une démarche encore expérimentale du fait de leur surcoût à la production.

Les engrais minéraux azotés sont, d’un point de leurs impacts climatiques, doublement problématiques. A la production, ils sont générateurs de gaz à effet de serre, à hauteur de 2,5t eq.CO2 par tonne d’ammoniac (NH3) issue du gaz naturel. A l’usage, leur épandage relargue dans l’atmosphère de l’ammoniac (NH3), un précurseur de particules fines préjudiciables à la santé, et de l’oxyde nitreux (NO2), un gaz à effet de serre au potentiel de réchauffement global 300 fois supérieur à celui du CO2. A travers la loi Climat et résilience d’août 2021, la France s’est fixée des objectifs de réduction des émissions de NH3 et de N2O de respectivement -13 % et -15% à l’horizon 2030, comparativement à 2005.

A l’horizon 2030, le groupe coopératif Vivescia, opérant dans le Nord-est de la France, s’est fixé pour objectif de réduire de 25% son empreinte carbone (comparativement à 2021), et sur l’ensemble de sa chaine de valeur (Scope 1, 2 et 3), c’est à dire incluant les impacts en amont et en aval, avant d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

200 ha à titre expérimental

C’est dans cette trajectoire que s’inscrit l’intégration des engrais azotés de Fertiberia produits dans son usine de Puertollano (Espagne) à partir d’hydrogène « vert », et plus précisément généré par l’électrolyse de l’eau à partir d'électricité renouvelable. Voilà pour les émissions de CO2. En ce qui concerne les oxydes nitreux, Fertiberia met en avant son procédé C-PRO que le fabricant crédite, en test de laboratoire, d’une réduction de 20% à 45% par rapport à un engrais conventionnel. Le protocole conclu entre Fertiberia et Vivescia est lui-même expérimental et porte sur 200 ha, pour des motifs économiques. Sans annoncer de chiffres, Vivescia fait part d’un surcoût « réel », misant sur la recherche et développement et  le  « rôle accru des pouvoirs publics pour accélérer sur l’enjeu des engrais décarbonés et lever le frein économique ».