Groupama milite pour que l’assurance climatique se répande davantage

Le premier assureur du monde agricole croit en l’efficacité de l’assurance multirisques climatiques, malgré sa faible diffusion en agriculture.

« L'agriculture évolue dans un environnement de risque », rappelle Jean-Yves Dagès, le président de la fédération nationale Groupama. Le climat change, ce qui justifie « un besoin toujours plus important d'apporter de la résilience à la ferme France ». N'en déplaise à ses détracteurs, l'assurance multirisques climatiques constitue un outil efficace de gestion des risques, aux yeux de l'assureur. Un outil qui mérite d'être subventionné et plus largement déployé en France. Quitte à en faire une condition obligatoire pour bénéficier d'aides ou de prêts ?

Lors d'une rencontre avec la presse, le 7 février, les représentants de Groupama sont longuement revenus sur la nécessité de développer l'assurance récolte en France. Groupama est le premier assureur du monde agricole, 60 % des exploitants agricoles sont assurés par cet organisme, un groupe qui réalise 1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires.

François Schmitt, président délégué, a rappelé le pourcentage d'assurés climatiques par filière : 26% en grandes cultures, 25% en viticulture, 2-3% en arboriculture. L'assurance prairie, plus récente, ne représente encore que 3000 exploitations. « Je croyais que 2016 allait faire acte de pédagogie », confie François Schmitt. Or, force est de constater que le nombre de producteurs assurés n'a pas bondi, suite aux fortes intempéries. De nombreux agriculteurs ne cachent pas leur scepticisme vis-à-vis de l'assurance récolte. 

« Un outil extrêmement performant »

Pourtant, l'assurance est « un outil extrêmement performant », se défend Groupama. Une enveloppe de 110 millions d'euros de subventions PAC permet d'assurer 6 milliards d'euros de capitaux, selon les chiffres de l'assureur. Groupama a comptabilisé le cumul des cotisations versées par les agriculteurs entre 2005 et 2016, elles atteignent plus de deux milliards d'euros. Soit autant que la somme totale des indemnisations versées suite à des sinistres durant cette période. Or, 800 millions d'euros de subventions européennes ont aussi été distribuées aux agriculteurs. Ce qui fait dire à l'assureur que pour 1,20 euro dépensé par un agriculteur, il a perçu 2 euros d'indemnité. « Nous avons du mal à faire croire que sur ce risque, nous sommes au service de la ferme France. Et pourtant, c'est la réalité », renchérit François Schmitt.

Les mesures Omnibus à valider

Pour assurer la pérennité technique de tels outils assuranciels, Groupama milite pour leur généralisation sur le territoire français. Au niveau européen, les avancées permises par le règlement Omnibus sont de nature à inciter les agriculteurs à s'assurer. Celles-ci prévoient notamment de baisser le seuil de déclenchement à 20 %. Mais avant que de telles évolutions s'appliquent, elles doivent d'abord être mises en place à l'échelle nationale. « Est-ce que ces mesures vont être validées par la profession agricole et par le pouvoir politique français ? Nous militons pour que ce soit le cas », ajoute François Schmitt. Pour l'assureur, il est primordial que la France utilise cette option avant la réforme de la PAC 2020. Faute de quoi, les institutions européennes risquent d'en conclure que cet outil n'a pas d'intérêt pour les agriculteurs. En 2018, seule l'Italie s'est emparée des nouvelles possibilités offertes par l'Omnibus. Pour Jean-Yves Dagès, voilà « un rendez-vous historique » à ne pas manquer. À périmètre constant, une enveloppe supplémentaire de 60 millions d'euros serait nécessaire pour mettre en application l'Omnibus.

Doubler les surfaces

Groupama estime qu'il faudrait au moins doubler les surfaces assurées pour garantir l'avenir de l'assurance multirisques climatiques en France. Pour y arriver, Groupama souhaite rendre cet outil « incitatif ». En d'autres termes, il s'agit de faire de l'assurance multirisques climatiques une condition pour bénéficier d'un prêt ou d'une aide. Reste à savoir comment une telle évolution serait socialement acceptée au sein de la profession agricole, dont les revenus sont en berne. « Une assurance, c'est toujours trop cher », résume François Schmitt.