Revaloriser les prix pour en finir avec les « drames » et les « faillites »

La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont rencontré aujourd’hui le Premier ministre, alors que le discours d’Emmanuel Macron est attendu par tous les acteurs le 11 octobre, à l’occasion des états généraux de l’alimentation.

« Notre souhait le plus fort est d'aboutir à des outils qui permettent une revalorisation des prix payés aux agriculteurs », a rappelé Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, à l'occasion d'une rencontre avec Édouard Philippe, à l'hôtel Matignon, aujourd'hui. Elle était notamment accompagnée par Jérémy Decerle, le président des Jeunes agriculteurs.

Les ateliers consacrés à la création et à la répartition de la valeur sont maintenant achevés. Tous les acteurs sont en attente du discours d'Emmanuel Macron, prévu le 11 octobre. Alors que plusieurs propositions sont sorties des réunions de concertation, des voix dissonantes se sont aussi fait entendre, comme Michel Édouard Leclerc ou l'UFC Que Choisir.  Ces derniers craignent une augmentation des prix pour le consommateur.

Un point de vue inacceptable pour la FNSEA.  Devant le Premier ministre, Christiane Lambert a détaillé les demandes de son syndicat : encadrer les promotions ; retoucher le seuil de vente à perte ; lutter contre les prix abusivement bas et prendre des sanctions en cas de disfonctionnement ; revoir les clauses de renégoociation quand les prix fluctuent ; pouvoir établir des contrats qui intègrent les coûts de production et revoir le droit de la concurrence européen, même si cette dernière mesure dépasse le débat national.

« M. Leclerc représente un ancien monde » 

La présidente de la FNSEA a réagi aux propos de Michel Édouard Leclerc, craignant que ces états généraux débouchent sur une hausse des prix pour le consommateur. « M. Leclerc est très bavard à l'extérieur des états généraux de l'alimentation mais ses représentants dans les ateliers ont été peu bavards, ce qui est très dommage », lance-t-elle.

« M. Leclerc représente un ancien monde, celui des prix toujours plus bas. Les consommateurs veulent autre chose, ils veulent de l'origine, de la qualité, de la proximité, ils veulent savoir qui produit et comment et ils veulent surtout redonner plus de centimes aux producteurs ». Elle enfonce le clou : « M. Leclerc doit comprendre cette aspiration et ne pas se présenter comme le chevalier blanc de la défense des consommateurs. Il défend surtout ses marges à lui et ses intérêts ».

La présidente de la FNSEA estime par ailleurs qu'il est « faux » de dire qu'une modification du seuil de revente à perte conduise à une augmentation de 15 %. Elle souhaite en finir avec le « jeu malsain » auquel jouerait selon elle M. Leclerc, qui conduirait à « écraser de la valeur ».

Christiane Lambert renvoie aussi les citoyens face à leur responsabilité concernant l'avenir de l'agriculture française : « passer la commande du haut de gamme, quand on est citoyen, et vouloir acheter moins cher, low cost, quand on est consommateur... Cela conduit à des drames et des faillites ».