15 août : les moissonneuses-batteuses sur le pont

La fenêtre météo va permettre de mettre à l’abri les colzas, blés et orges en souffrance dans les régions nord. Si les pluies à répétition ont terni une moisson qui s’annonçait très prometteuse, les incidences devraient être, globalement, limitées.

« Les blés germés ? Dans le Calvados », ce n’est pas un sujet », déclare Amélie Cardine, conseillère en productions végétales à la Chambre d’agriculture. « Dans certains secteurs précoces de la Somme, où c’est mûr depuis dix jours, on risque d’en avoir un peu », relève de son côté Mathilde Lheureux, elle conseillère productions végétales à la Chambre d’agriculture. « Dans les Ardennes, c’est anecdotique », déclare pour sa part Benoit Van Luchene, chef de service polyculture à la Chambre d’agriculture. Mais le processus de germination peut avoir démarré et pénalisé l’indice de chute de Hagberg et donc entrainer des réfactions voire des déclassements ».

"Dans certaines vallées inondées, des orges de printemps ou encore des pois ne seront pas récoltés"

Calvados, Somme, Ardennes : trois départements et trois régions où la météo joue, depuis des jours, voire des semaines, les trouble-fête. Au point de déclencher une opération de solidarité, à l’initiative d’un céréalier de l’Aisne, afin de faire transhumer des machines. « Dans certaines vallées inondées, des orges de printemps ou encore des pois ne seront pas récoltés mais les surfaces sont limitées » , déclare Benoit Van Luchene

Un retour à la normale, somme toute

Le retour généralisé du soleil, au moins pour quelques jours, devait permettre de mettre à l’abri les colzas, blés et orges bien mûrs ou sur le point de l’être. « Dans certains secteurs précoces, les blés sont mûrs depuis dix jours mais dans d’autres secteurs tels qu’au Nord d’Amiens, la maturité arrive à point nommé », relativise Mathilde Lheureux. On s’était habitué depuis quelques années à avoir une moisson précoce et facile alors qu’auparavant, les récoltes commençaient vers le 10 août et s’achevaient début septembre dans les secteurs maritimes ».

Plus rapides au ressuyage, les colzas seront les premiers à profiter du retour des moissonneuses-batteuses. La floraison très étalée cette année, alliée à des variétés toujours moins sensibles à l’égrenage, devraient permettre au colza de se tirer d’affaire. « Le poids de mille grains compensera d’éventuelles baisses de rendement », note Benoit Van Luchene.

"Les éleveurs vont s’éviter des achats de paille à des prix dingues"

Une moisson presque trop belle, des fourrages bénis

En dehors du colza sujet à des retournements pour cause de non levée ou de gel printanier, la moisson s’annonçait exceptionnelle à la veille de l’été. La météo en a décidé autrement mais le tableau est loin d’être sombre. « En blé tendre, la faiblesse des PS et des indices de chute de Hagberg devraient entrainer des réfactions, voire des déclassements en blés fourragers », poursuit Benoit Van Luchene. Mais les taux de protéines sont bons et compenseront, en partie au moins, les réfactions. Les prix restent aussi bien orientés ».

"Ça risque d’être rude pour les ETA"

Si les épisodes pluvieux pénalisent les moissons, ils font en revanche le jeu des fourrages, qu’il s’agisse de l’herbe comme des maïs, même si des perturbations sont aussi au rendez-vous. « Dans certains secteurs du Calvados, certains n’ont pas encore fait leur foin mais les maïs sont magnifiques », pointe Amélie Cardine. « En élevage, l’autre point positif concerne la paille », remarque Benoit Van Luchene. Cette année, les volumes sont là et les éleveurs vont s’éviter les achats à des prix dingues comme on l’a vu ces deux ou trois dernières campagnes ».

Les céréaliers vont tout de même continuer à scruter le ciel, car la fenêtre météo qui vient de s’ouvrir pourrait très vite se refermer dès la semaine prochaine dans certains secteurs. Le téléphone des entrepreneurs de travaux agricoles ne va pas manquer de sonner. « Ça risque d’être rude pour les ETA », compatit Benoit Van Luchene.