États généraux : une charte est signée entre tous les acteurs, dont Leclerc

Après plusieurs semaines de tractation, un accord a finalement été conclu aujourd’hui entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs, à l’issue du premier chantier des états généraux de l’alimentation.

« Il ne manque personne autour de la table », s'est réjoui Stéphane Travert, le ministre de l'Agriculture. Même Michel Edouard Leclerc a décidé de s'engager dans cette charte, alors qu'il avait fait part à la presse, à plusieurs reprises, de son opposition à certaines propositions des états généraux. Le texte a nécessité 35 versions de travail avant d'obtenir un consensus, ont rappelé plusieurs signataires.

Cette charte n'est pas « juridiquement opposable », précise Stéphane Travert, mais elle engage tous les acteurs « politiquement et moralement ». Elle doit « faire le pont » jusqu'aux prochaines étapes. Des plans de filière sont notamment attendus dans les semaines à venir, ainsi que la fin du second chantier des états généraux. Mais c'est un projet de loi, promis pour le premier trimestre 2018, qui viendra parachever les discussions. Celui-ci contiendra « un volet relatif à la contractualisation, un volet relatif à la médiation et à l'arbitrage, un volet relatif au seuil de revente à parte et aux promotions », précise le ministre de l'Agriculture.

Que contient la charte ?

L'ensemble des acteurs acceptent de « relancer la création de valeur et en assurer l'équitable répartition ». En ligne de mire : « le paiement de prix justes » aux agriculteurs. Tous les signataires devront promouvoir une contractualisation « fondée sur la construction des prix à partir de l'amont », qui prend en compte les coûts de production des produits agricoles.

Il est également question d'assurer au consommateur « une alimentation saine, sûre, durable et accessible à tous » ainsi que de « poursuivre la transformation des systèmes agricoles et agroalimentaires ».

Leclerc accepte de signer, la FNSEA « prend acte »

L'ensemble des syndicats agricoles ont salué la signature de cette charte, y compris la Coordination rurale qui s'était montrée plutôt sceptique quelques mois plus tôt. Pour Bernard Lannes, son président, il s'agit « d'un grand pas » de franchi, même si « les résultats ne seront pas immédiats ».

Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, espère que « l'esprit des états généraux » soufflera jusque « dans les box de négociation », dès cette fin d'année. « Je prends acte de la présence de Michel Édouard Leclerc », déclare-t-elle. Et d'ajouter : « je ne suis pas amnésique (...) Jusqu'au bout, il a essayé de modifier l'esprit de la charte ».

Michel Édouard Leclerc a, pour sa part, précisé qu'il aurait préféré « une inversion du processus », à savoir commencer par des engagements en faveur d'une agriculture plus saine. « Nous avons des divergences qui doivent pouvoir s'exprimer », insiste-t-il. Il rappelle, en outre, que les organisations de consommateurs ne sont pas signataires du document. « Ce débat n'est pas le premier et ne sera pas le dernier », a-t-il mentionné. Des propos jugés « cyniques » par la présidente de la FNSEA, agacée par l'attitude de Michel Édouard Leclerc.