Sangliers, chasseurs, ministre: la FNSEA à l'offensive

La présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a fait feu de tout bois pour la rentrée du syndicat agricole majoritaire, à l'aube d'échéances importantes pour les paysans français, ciblant des sangliers envahissants, des chasseurs intrigants et un ministre pas à l'écoute, selon elle.

A l'heure du coq, Mme Lambert a d'abord poussé un cri d'alarme sur la prolifération des sangliers et les ravages causés par ce gibier aux exploitations agricoles. "(Il y a) 700.000 sangliers abattus (par an), mais il y en a quatre millions" sur le territoire, a déclaré Mme Lambert à l'antenne de Radio Classique. "Je veux plus de chasseurs, moins de sangliers, moins de dégâts", a-t-elle lancé plus tard, estimant à 30 millions d'euros le montant des indemnisations versées chaque année aux agriculteurs pour compenser les dégâts.

Elle s'inquiète aussi des risques de transmission dans les fermes de la peste porcine africaine, qui sévit déjà en Europe de l'Est, d'où certaines sociétés de chasse importent des sangliers pour leurs élevages de gibier. Dans le viseur de la présidente de la FNSEA, deux textes approuvés par le Conseil national de la chasse, qui réforment les modalités de la chasse au sanglier.

L'un allonge la période de chasse du 28 février au 31 mars. "Ça peut paraître alléchant, en disant +les chasseurs vont chasser un mois de plus, ça va permettre de réduire les populations+. Sauf qu'aujour'hui, ils chassent déjà neuf mois sur douze et on voit le résultat de leur régulation", a déclaré à l'AFP Thierry Chalmin, responsable du dossier dégâts de gibier à la FNSEA.

"Nuisibles"

Un point de discorde d'autant plus grave qu'en compensation de ce mois supplémentaire, les chasseurs ont demandé la sortie du sanglier des espèces "nuisibles", ce qui entraîne de facto la suppression du droit pour les agriculteurs de tirer ou faire tirer des sangliers en mars, en cas de danger pour leur exploitation.

"Aujourd'hui, ces deux textes-là sont sur le bureau du ministre" de l'Environnement, a expliqué à l'AFP M. Chalmin, deux jours après la démission de Nicolas Hulot. Une réunion technique, lundi, avec les services du ministère, puis une autre dans les dix jours avec le secrétaire d'Etat auprès du ministre chargé de la Transition énergétique Sébastien Lecornu et les chasseurs, seront consacrées à ce dossier.

Les députés aux champs

Le président de la Fédération nationale de la chasse, Willy Schraen, a relativisé les attaques de la FNSEA qui les accuse de favoriser cette prolifération, les mettant sur le compte de l'actualité électorale du syndicat. "On annonce plutôt des élections difficiles pour la FNSEA. Ça a toujours été de bon augure de taper un petit peu sur le monde de la chasse, ça peut toujours amener quelques voix", a-t-il ironisé.

Mardi 18 septembre marquera en effet le lancement de la campagne de la FNSEA pour les prochaines élections en chambres d'agriculture, a annoncé Mme Lambert, qui pourrait subir dans les urnes la colère suscitée par une crise sans fin dans les campagnes.

Sècheresse

Dernier épisode, la sécheresse et ses conséquences dramatiques, pour les céréaliers et surtout les éleveurs. Christiane Lambert a, dans un même élan, appelé à l'aide et taclé le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert : "il y a dix jours que nous demandons un rendez vous pour parler des problèmes de sécheresse, on ne l'a pas encore! Si le ministère de l'Agriculture traîne des pieds autant et n'a pas vu que le problème était extrêmement grave, il y a un problème!" s'est-elle exclamée. Elle lui a également reproché de n'avoir pas donné suite aux demandes de rendez-vous des producteurs de betteraves et de maïs, qui réclament une dérogation à l'interdiction des insecticides néonicotinoïdes, en vigueur dès samedi.

Autre sujet d'inquiétude, la fin programmée de l'exonération des charges sociales sur les travailleurs saisonniers (dispositif TO/DE), qui va gréver la compétitivité du secteur des fruits et légumes et de la vigne. Avant l'ouverture de la session parlementaire, la FNSEA compte "emmener les députés aux champs" pour les sensibiliser à l'importance de l'emploi saisonnier en monde rural.