Azote sur blé : et si l’engrais vient à manquer ?

En cas de pénurie d’azote, la priorité sera donnée au calcul des reliquats plutôt qu’à la sortie de l’épandeur en sortie d’hiver, explique Arvalis. L’institut recommande de faire l’impasse sinon de réduire l’apport au tallage et de fractionner les apports suivants, sans négliger le dernier.

La faim d’azote : c’est ce que pourrait connaître de manière inédite nombre de cultures en 2022, sous l’effet des tensions d’approvisionnement en gaz naturel, la matière première des engrais azotés minéraux. L’engrais est cher et va le rester, ce qui nécessite de jauger finement le rapport entre le prix de l’unité fertilisante et le prix du kilo de blé. En effet, passé un certain ratio, l’optimum technique et l’optimum économique divergent et la quête des derniers quintaux est alors contre-productive. Le prix de l’engrais est une chose, sa disponibilité en est une autre. Si l’azote vient à manquer, quelle stratégie de fertilisation adopter ?

S’agissant du blé, Arvalis a établi des règles de décision qui tiennent en plusieurs points, avec un dénominateur commun : la quête d’efficience maximale.

Cinétique d’absorption de l’azote par le blé (Source : Arvalis)
Cinétique d’absorption de l’azote par le blé (Source : Arvalis)

Bien calculer son bilan prévisionnel

Plus que jamais, la campagne à venir va mettre en exergue la nécessité de bien calculer son bilan prévisionnel. En sortie d’hiver, la priorité ne sera pas de réaliser des apports d’azote, mais de mesurer des reliquats d’azote minéral dès que possible sur la totalité des horizons du sol de la parcelle, soit 0-30, 30-60 et 60-90 cm en fonction de la profondeur du sol. Réalisés suffisamment tôt, les reliquats permettent de calculer la dose d’azote totale prévisionnelle plus précisément avant la période habituelle de déclenchement de l’apport au tallage.

Si la dose totale prévisionnelle est faible, en lien avec de reliquats élevés, l’impasse de l’apport tallage pourra s’envisager. Dans le cas contraire, on cherchera à décaler cet apport autant que possible, tout en visant les meilleurs créneaux météorologiques, afin de maximiser l’efficacité de l’engrais, en se limitant à une dose modérée de 30 à 40 kg N/ha.

Cibler les conditions d’absorption rapide

Ces conditions sont liées à la fois au stade végétatif du blé et aux conditions météorologiques. Lorsque le besoin journalier en azote est élevé, l’absorption d’azote par le blé est rapide. A l’inverse, en période de moindre besoin, l’azote apporté reste plus longtemps exposé aux pertes par volatilisation ou par organisation microbienne, ce qui réduit fortement l’efficacité de la fertilisation azotée.

Les conditions de réalisation des apports sont également déterminantes, notamment dans un contexte de défaut d’approvisionnement : afin de valoriser chaque kilo d’azote apporté, il faudra veiller à ne pas positionner d’apport pendant une journée avec des températures élevées et avec du vent, ou avant une période sèche, qui conduirait à des pertes par volatilisation.

Pas d’impasse sur le dernier apport

De manière générale, il est déconseillé de réduire la dose d’azote du dernier apport et, a fortiori, de le supprimer. En effet, avec une pluviométrie souvent plus importante en fin de printemps qu’en sortie d’hiver dans la plupart des régions, cet apport est généralement très bien valorisé et permet d’assurer à la fois rendement et protéines. S’il n’y a pas eu d’impasse au tallage, ou, si malgré l’impasse, il est encore nécessaire de réduire la dose, mieux vaut donc répartir la diminution de la dose sur plusieurs apports que de supprimer intégralement le dernier apport. L’utilisation d’un OAD est plus que jamais recommandée pour piloter le dernier apport d’azote.