BASF : « Accélérer l’adoption de l’innovation par les agriculteurs »

C’est ce que la société agrochimique attend de la stratégie Ecophyto 2030, à laquelle l’entreprise aurait aimée être associée, au titre d’entreprise innovante misant sur des solutions combinatoires telles que le biocontrôle, le digital ou encore les blés hybrides pour répondre aux défis agroécologique, climatique et alimentaire.

« On est prêt à contribuer aux trois enjeux majeurs que sont la transition écologique, le changement climatique et la souveraineté alimentaire et à se mettre autour de la table avec l’ensemble du monde agricole et du monde politique pour partager nos connaissances et faire bénéficier de notre recherche et de nos innovations l’ensemble du monde agricole ». C’est l’appel lancé par Jean-Jacques Pons, directeur général de BASF France - Division Agro, à l’occasion de la conférence de presse annuelle de l’entreprise. Jean-Marc Petat, directeur Agriculture durable et communication, a été plus explicite encore. « Les entreprises innovantes et pas seulement BASF doivent faire partie du tour de table Ecophyto 2030 car on est une des réponses au développement de solutions qui permettent de réduire les intrants mais aussi de préserver la compétitivité des agriculteurs », a-t-il argué.

Succédant à Ecophyto2+, la stratégie Ecophyto 2030 sera finalisée par le gouvernement début 2024. Elle vise à inscrire la France dans l’objectif européen de réduction de 50% des usages et des impacts des produits phytosanitaires d’ici à 2030, comparativement à la période 2015-2017.

Présenté le 30 octobre dernier, l’avant-projet semble pourtant bel et bien répondre, au moins en partie, aux attentes de BASF sur deux points, à savoir, l’accélération du développement des solutions alternatives non-chimiques et chimiques et l’accélération du déploiement et la massification des solutions et pratiques agroécologiques. « J’espère qu’Ecophyto 2030 permettra enfin de résoudre ce problème du temps de l’adoption de l’innovation par les agriculteurs, en partie à l’origine des semi-échecs des plans Ecophyto précédents », a déclaré Jean-Marc Petat, nonobstant les quelque 3000 fermes Dephy, mais misant notamment sur la création toute récente de l’Association biocontrôle et biostimulation pour l’agroécologie (Abba), à laquelle BASF s’est ralliée, pour accélérer l’appropriation des solutions agroécologiques par les agriculteurs.

Dans ce registre du transfert de l’innovation, BASF a inauguré en 2023 ses quatre premières « Fermes Practice », dont trois céréalières et une viticole, destinées à valider, au plan technico-économique, ses itinéraires agroécologiques, décarbonation comprise. Deux autres les rejoindront en 2024. BASF en effet fait de l’agroécologie sa vigie à l’horizon 2030, assortie de l’objectif chiffré suivant : générer 25% de son chiffre d’affaires en solutions alternatives aux produits phytos conventionnels. En 2022, le ratio était de 5/95, ce qui donne une idée de la marche à gravir mais le groupe s’en donne les moyens, en consacrant 10% de son chiffre d’affaires à la R&D, dont plus d'un tiers (41%) fléché vers l’agriculture.

BASF a inauguré en 2023 ses quatre premières « Fermes Practice », dont trois céréalières et une viticole, destinées à valider, au plan technico-économique, ses itinéraires agroécologiques, décarbonation comprise
BASF a inauguré en 2023 ses quatre premières « Fermes Practice », dont trois céréalières et une viticole, destinées à valider, au plan technico-économique, ses itinéraires agroécologiques, décarbonation comprise

La traque au IFT via différents leviers

L’entreprise mise notamment sur les blés hybrides, porteurs de réduction d’IFT et dont la mise sur le marché est annoncée après 2028, avec notamment la France comme tête de pont via son centre de recherche sis à Milly-la-Forêt (Essonne). Du côté des biosolutions, BASF dispose dans son pipe-line d’un stimulateur des défenses naturelles (Asterion), dont elle vient d’obtenir l’AMM contre le sclérotinia et l’alternaria du colza, et participe au projet Velco-A (INRAE, Terres Inovia), centré sur un champignon entomopathogène des ravageurs de ce même colza. Dans sa traque aux IFT, BASF met aussi en avant ses solutions digitales Xarvio Field Manager, créditées d’une réduction de 50% et 20% respectivement dans les essais blé tendre et orge 2023, et déployées sur 260.000 ha, avec un objectif de 400.000ha en 2025, un axe renforcé par l’acquisition de Horta.

La réduction des IFT, elle réside aussi dans les technologies d’application telles que le One Smart Spray, qui permet d’appliquer, de jour comme de nuit, une bouillie herbicide ciblée sur les seules adventices présentes au stade prélevée de la culture (« vert sur brun ») et/ou au stade post-levée (« vert sur vert »), avec à la clé une économie de produit pouvant atteindre les 70%.

"Il n’y a aucune solution miracle à attendre dans les dix à venir en alternative aux produits conventionnels, il est urgent de mettre en place des approches combinatoires"

En ce qui concerne les produits conventionnels, BASF poursuit le développement de la gamme Revysol au profil optimisé, et s’engage dans des programmes des gestion responsable visant à sécuriser les usages et réduire les impacts sur le milieu des substance sensibles, comme c’est le cas avec l’herbicide molécule dmta-P.

BASF s’engage dans des programmes des gestion responsable visant à sécuriser les usages et réduire les impacts sur le milieu (Source : BASF)
BASF s’engage dans des programmes des gestion responsable visant à sécuriser les usages et réduire les impacts sur le milieu (Source : BASF)

La firme entend par ailleurs apporter sa contribution à la décarbonation des pratiques agricoles, via notamment l’optimisation de la valorisation de l’azote, en testant la combinaison de fongicides (Revysol / Xemium) ou en développant de nouveaux inhibiteurs d’uréase permettant de réduire les émissions de protoxyde d’azote et d’ammoniac. « Il n’y a aucune solution miracle à attendre dans les dix à venir en alternative aux produits conventionnels, a conclu Jean-Jacques Pons. Il est urgent de mettre en place des approches combinatoires pour répondre aux enjeux d’efficacité, de productivité mais aussi aux enjeux environnementaux si l’on veut répondre aux enjeux agroécologiques, climatiques et de souveraineté alimentaire ».