BASF lancera ses blés hybrides Ideltis en 2025 en France

Le groupe prédit une rupture technologique de nature à répondre aux enjeux environnementaux et climatiques, tout en garantissant une plus-value nette aux agriculteurs. L’enjeu est aussi vital pour la firme, confrontée à la baisse du marché des produits phytosanitaires.

Une ou plusieurs inscriptions cet été, les premiers référencements en 2024 et les premiers semis en 2025 : telle est la feuille de route de BASF France dans le domaine des blés hybrides. Le programme de recherche est issu du rachat des activités de Bayer dont le groupe a dû se séparer suite à l’acquisition de Monsanto. Sont ainsi tombés dans l’escarcelle de BASF des semences potagères (Numhems), des semences de colza (InVigor) et les blés hybrides, tout fraichement baptisés Ideltis. L’Allemagne devrait étrenner les premiers semis en 2023 avant la Pologne en 2024 pour ce qui concerne l’Europe.

Des défis multiples

Le blé hybride porte-t-il en germe les capacités à appréhender les méfaits du changement climatique et à relever les défis environnementaux ? « Nos blés hybrides sont porteurs d’une véritable rupture technologique, affirme Régis Favier du Noyer, responsable semences France chez BASF France Division Agro. Notre objectif est d’améliorer le rendement et la régularité de rendement, de résister aux maladies et au stress hydrique et de faire l’économie d’intrants, notamment azotés, grâce à un renforcement de l’efficience. Mais tout en haut de notre cahier des charges figure la rentabilité pour l’agriculteur ».

Selon BASF, les blés hybrides Ideltis vont aussi marquer une rupture à cet égard, en garantissant une plus-value sensible à l’agriculteur, sous l’effet des bénéfices pré-cités doublés d’une optimisation des densités et date de semis. Le semencier mise par ailleurs sur la compétitivité de ses protocoles d’hybridation, différents de ceux en usage actuellement sur cette espèce.

Les récoltes issues des blés hybrides seront valorisées sur les débouchés haut de gamme tels que la panification.

Sélection entièrement naturelle

Dernier défi et pas des moindres : celui de l’acceptabilité des blés hybrides par la société. « Nos blés hybrides sont issus de techniques de sélection 100% naturelles et sont exempts de toute manipulation génétique, déclare Régis Favier du Noyer. Les blés mâles stériles sont présents naturellement dans la nature et notre rôle se cantonne à les sélectionner ».

BASF ne sera pas seul à défendre ses arguments puisque d’autres semenciers sont sur les rangs, à savoir Syngenta ou encore RAGT et Bayer qui ont annoncé récemment coopérer sur le sujet. Actuellement, l’offre de blés hybrides est le pré-carré de Saaten-Union.

L’émergence des blés hybrides ne devrait pas manquer de faire réagir dans le monde agricole, du fait de l’emprise des semenciers sur une espèce aussi emblématique que le blé. Pourra-t-on ressemer avec des semences issues d’une récolte de blé hybride ? « Ce sera tout à fait envisageable, même si cette option ne fera pas partie de nos recommandations du fait de la perte d’hétérosis et donc des bénéfices induits par cette pratique », explique Régis Favier du Noyer.

Pour le groupe allemand, le secteur de la semence, qui pèse actuellement 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires, constitue un relais de croissance face à l’érosion du marché des produits phytosanitaires.