Bientôt la fin du broyage des poussins mâles dans la filière œufs

A compter du 1er janvier 2023, l’ovosexage va mettre fin à l’élimination par broyage de 50 millions de poussins mâles chaque année dans la filière œufs. La distribution assumera l’essentiel du surcoût, estimé à 3 centimes la boite de six œufs. Reste à généraliser la pratique au sein de l’UE pour éviter les distorsions de concurrence.

Pari tenu. En octobre 2020, les ministres français et allemand de l’Agriculture s’engageaient à mettre un terme au broyage des poussins mâles d'ici à fin 2022. Le 5 février, un décret en formalisait l’engagement, impliquant la mise en œuvre de techniques d’ovosexage, au plus tard le quinzième jour d’incubation, sur un total de 21 jours. Le 9 novembre dernier, à l’occasion de la journée d’information professionnelle du Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO), ministère et interprofession affirmaient avoir relevé le défi : à compter du 1er janvier 2023, 50 millions de poussins mâles échapperont au broyage sous l’effet de leur élimination anticipée avant éclosion. En ce qui concerne les palmipèdes à foie gras, dont les femelles sont sacrifiées, la filière espère aboutir à une solution alternative d’ici à 2025, trois couvoirs étant concernés.

Sans douleur pour les éleveurs

L’État, à travers France Relance, a accompagné à hauteur de 10,5 millions d'euros les cinq couvoirs concernés pour mettre en place de nouvelles techniques d’ovosexage permettant de déterminer le sexe des embryons dans les œufs. « Cette évolution majeure en faveur du bien-être animal est rendue possible par le financement des enseignes de la distribution à hauteur de 50 millions d’euros par an via une cotisation interprofessionnelle », indique le CNPO dans un communiqué. Pour sa part, le Conseil d’administration du CNPO a validé l’accord interprofessionnel visant à prendre en charge une partie des coûts induits par ces nouvelles technologies. Selon le ministère de l’Agriculture, l’accord interprofessionnel doit permettre « de mutualiser les coûts induits par ces nouvelles technologies entre les couvoirs et la distribution et sans faire peser le coût de la transition sur les éleveurs. Le ministère sera engagé au travers de FranceAgriMer pour suivre et objectiver les coûts et permettre d’adapter le cas échéant les modalités de sa prise en charge en lien avec la filière ».

La France et l’Allemagne en avance sur l’UE

Répondant à une attente forte de la part des consommateurs et des associations de protection animale, la France et l’Allemagne ont pris une longueur d’avance sur les autres pays membres de l’UE, laquelle n’interdit pas le broyage.  « Cette initiative française est également portée au niveau européen pour obtenir une harmonisation dans l’ensemble des États membres entrant dans une démarche similaire, en particulier dans le cadre de la réglementation européenne sur le bien-être animal annoncée par la Commission européenne pour 2023 », précise le ministère de l’Agriculture.

L’objectif est bien évidemment de ne pas faire naître une distorsion de concurrence, à l’heure où la filière œufs française retrouve des couleurs. En 2021, la balance commerciale des œufs a affiché un solde positif tant en valeur (+17 millions d’euros) qu’en volume (+10.000 tonnes) contre respectivement +4 millions d’euros et -5.000 tonnes en 2020, selon le CNPO.