L’œuf, un produit « anti-crise » selon le CNPO

L’interprofession des œufs se montre optimiste sur les intentions d’achat des ménages, en dépit de la hausse du prix de l’œuf « de quelques centimes ». Avec une production attendue en baisse de 9%, les conséquences de la grippe aviaire devraient accroître la tension générée par la hausse des coûts de production.

Près des trois-quarts des Français (71%) des Français affirment que l’œuf est une bonne alternative économique pour consommer des protéines animales dans un contextes d’inflation et de réduction de la consommation de viande et de poisson et 9 sur 10 (89 %) considèrent que l’œuf est l’un des aliments présentant le meilleur rapport qualité/prix et 84 % qu’il s’agit de la protéine la moins chère du marché : tels sont les enseignements d’une enquête menée fin avril par le Comité national pour la production de l’œuf (CNPO). Ils font dire à l’interprofession que « l’œuf est un produit anti-crise », référence à l’augmentation des prix à la consommation qui n’épargne pas les produits alimentaires.

Selon le CNPO, « la hausse du prix de l’œuf, de quelques centimes, entraînée par la flambée des coûts de production, n’a pas eu de répercussion sur la consommation des Français. Ils sont ainsi plus de 8 sur 10 (84 %) à avoir maintenu leur consommation et même, parmi eux, 5 % à l’avoir augmenté ».

Une chute de 9% de la production attendue en 2022

Reste à savoir si les œufs vont conserver cette vertu anti-crise, dans les semaines et les mois à venir, alors que tous les indicateurs de prix, à la production et à la consommation, percent chaque semaine de nouveaux plafonds, tel le prix du blé, dont le plafond de verre de 400 €/t vient d’être allégrement dépassé avec l’embargo décrété par l’Inde sur ses exportations de blé.

Selon l’Insee, le prix des œufs a fortement accéléré sur un mois (+13,0% en mars après +6,6 % en février) et sur un an (+63,3 % après +55,0 %) en raison d'une offre limitée et d'une demande forte.

La situation ne va pas s’arranger du côté de l’offre, avec les conséquences de la grippe aviaire, qui a décimé une partie du cheptel de poules pondeuses (3 millions abattues en France, 15 millions en Europe) mais aussi de poulettes (800 000 en France). Le CNPO anticipe un recul d’environ 9 % de la production d’œufs en 2022, soit près de 1,3 milliard d’œufs en moins.

La filière bio à la peine

En ce qui concerne les modes de production, le CNPO confirme la montée en puissance des élevages alternatifs. Depuis 2013, le taux de croissance annuel moyen est de + 11 % pour les systèmes biologiques, +9% pour le plein air (hors Label Rouge) et + 4% en Label Rouge. Les capacités de production des élevages au sol progressent au rythme de 21%/an tandis que celle des élevages en cage régressent de 9% par an.

En ce qui concerne le bio, l’année 2021 marque cependant une rupture de la croissance, avec une part de marché passée de 17,4% en 2020 à 15,7% alors que les autres systèmes alternatifs continuent de progresser. Les poules élevées en plein air représentent désormais 24,4 % de la production (20,5 % en 2020), le plein air Label Rouge 6,4 % (4,7 % en 2020) et le sol 20,6% (13,4 % en 2020).

Le bio progresse cependant en restauration hors domicile mais avec un poids tout relatif : 3,6% des volumes en 2021 (contre 2,4% en 2020). Du côté des ovoproduits, le bio progresse aussi, représentant 2,8% des ventes en 2021 contre 2,4% en 2020.

La production bio va aussi devoir composer avec le nouveau règlement bio européen, entré en vigueur le 1er janvier dernier, et dont le surcoût ramené à l’œuf est estimé à +26 %, soit +4,30 euros pour 100 œufs selon l’Itavi.

Dans le cadre de « l’équipe de France de la Bio », le CNPO s’est associé à campagne de promotion de l’AB aux côtés d’autres interprofessions (Cniel, Interfel, Interbev, Synalaf, Cnipt, Intercéréales, Terres Univia), mobilisant 1 million d’euros. Son lancement est prévu lors du Printemps Bio le 22 mai à l’occasion de la journée mondiale de la biodiversité, sous la houlette de l’Agence bio et de Natexbio-Maison de la Bio.

Balance commerciale en hausse

Avec une production de 15,7 milliards d’œufs (972 000 tonnes) en 2021 (+3,7%), la France confirme sa première place de premier pays producteur d’œufs dans l’Union européenne (environ 15 % de la production en 2021), devant l’Allemagne et l’Espagne (14 % ex aequo).

En 2021, la balance commerciale des œufs renforce son excédent, avec une augmentation des exportations et une diminution des importations. Le solde de la balance commerciale est positif en valeur (+17 millions d’euros contre +4 millions en 2020) et en volume (+10 000 tonnes contre -5 000 tonnes en 2021). Les exportations d’œufs de France ont progressé de +7 % en valeur et de +6 % en volume alors que les importations ont reculé de 3 % en valeur et de -5 % en volume par rapport à l’année 2020.