Bio : les conversions encore supérieures aux déconversions, mais pour combien de temps ?

Selon l’Agence bio, le nombre de conversions a baissé de 32% sur un an en 2022 tandis que le nombre de déconversions a augmenté de près de 35%. Le président de l’Agence bio réclame une forme de « droit au bio ».

L’agriculture biologique a-t-elle limité la casse, dans un contexte de déséquilibre entre l’offre et la demande, avec une baisse de 7,4% de ventes en grandes surfaces en 2022 selon NielsenIQ, sur fond d’inflation galopante des prix des produits alimentaires, de +15,9% en mars sur un an selon l’Insee ? Peut-être. Les Régions y sont aussi peut-être pour quelque chose, la Bretagne, les Pays la Loire ou encore l’Occitanie ayant décidé, au moins pour partie, de suppléer l’Etat qui a mis fin à l’aide à la conversion dans la Pac 2023-2027, au profit notamment d’un écorégime bonifié.

Selon les chiffres de l’Agence bio, relatifs à l’année 2022, le nombre de conversions (5.245 exploitations) est demeuré supérieur à celui des déconversions (3.380). Sauf qu’en tendance, les dynamiques enregistrent des trajectoires inverses : le nombre de conversions a baissé de 31,9% sur un an tandis que les déconversions ont progressé de 34,6%. « Parmi les arrêts de certification enregistrés en 2022, il apparait que la moitié relève de départs à la retraite, et non de changement dans le choix de conduite de la ferme », indique l’Agence bio dans un communiqué, sans nier « un réel coup de frein dans la dynamique des conversions ».

"Le marché du bio sera ce que l’on en fera"

Pour les promoteurs de la bio, le salut passera par une réaffirmation des fondamentaux de la bio, devenus évanescents face à la concurrence d’autres labels tels que la HVE ou encore le ZRP, avec un objectif : redynamiser la demande. « Chaque foyer, chaque restaurant, du Kebab à l’étoilé, chaque cantine, tout le monde a un rôle à jouer pour mettre du bio au menu, argumente Loic Guines, président de l’Agence bio. Chaque euro dépensé en bio a un réel retour sur investissement environnemental et social, parce que nous consommons en France 6% de bio là où les Danois consomment 14%, nous avons encore de colossales marges de progression. Le marché du bio sera ce que l’on en fera ».

Au-delà des transitions agricoles et alimentaires, l’Agence bio évoque l’enjeu du renouvellement des générations, entre 30% et 50% des candidats frappant à la porte des Points accueil installation (PAI) étant motivés par le modèle bio. « Il est plus que jamais nécessaire de soutenir le droit au bio et d’accueillir les jeunes agriculteurs motivés pour se lancer dans la production bio, cruciale pour garantir une transition agroécologique réussie », conclut l’Agence bio.