Le label ZRP ne connait pas la crise

Avec des ventes et une notoriété en hausse, le label Zéro résidu de Pesticides (ZRP), porté par le Collectif Nouveaux Champs, poursuit son chemin de traverse fondé sur « une agriculture de la preuve » et portée au plus près des consommateurs.

« Le Salon de l’agriculture est un carrefour important pour prendre le pouls des consommateurs », déclare Quentin Gibert, responsable de développement commercial du Collectif Nouveaux Champs. Exposant pour la première fois au Salon de l’agriculture en 2020, le Collectif Nouveaux Champs était de nouveau présent cette année à la Porte de Versailles pour mettre en avant son label Zéro résidu de pesticides (ZRP). Et comment bat-il, le cœur des consommateurs, à l’heure où l’inflation des produits alimentaires tutoie les 20% sur un an ? « En 2022, les ventes ont progressé de 9% par rapport à 2021 », poursuit le responsable, avec en tête des produits la tomate, devant les surgelés et la carotte, et Intermarché, Carrefour et Lidl, s’agissant des distributeurs. 25% des Français ont acheté des produits ZRP en 2022 (source Kantar). La notoriété du Label aurait atteint 50% (source CSA).

Le Collectif Nouveaux Champs vante sa promesse auprès des consommateurs finaux, ici au Salon de l’agriculture, sinon dans les magasins
Le Collectif Nouveaux Champs vante sa promesse auprès des consommateurs finaux, ici au Salon de l’agriculture, sinon dans les magasins

De quoi faire pâmer les promoteurs des produits sous signes de qualité tels que les AOC/AOP, IGP et autres Label rouge et bien entendu l’Agriculture biologique (AB), confrontés à l’appétit croissant des consommateurs pour les premiers prix. Selon l'Institut IRI, spécialiste de l'analyse de données de consommation, les ventes de bio ont reculé de près de 5% sur les 10 premiers mois de l’année 2022, avec pour conséquence le déréférencement de produits en rayon, la fermeture de magasins spécialisés et un risque de déconversion d’exploitations, pour l’instant contenu à 4%, selon l’Agence bio.

"Les consommateurs sont capables de comprendre qu’il faut mettre 10, 15 ou 20 centimes supplémentaires au kilo pour avoir une promesse claire et factuelle engagée sur le produit "

A bien des égards, on ne peut évidemment pas mettre l’AB et le ZRP sur le même plan. Le premier est officiel, concerne plus d’une exploitation sur dix et plus d’un hectare sur dix et a généré en 2021 un chiffre d’affaires de 13 milliards d’euros. Le second est privé, concerne moins de 600 producteurs pour un chiffre d’affaires cumulé de 226 millions d’euros en cinq années d’existence et 25.000 t de produits (2022). On aurait pu commencer par le cahier des charges : l’AB bannit tout produit phyto et engrais de synthèse au champ quand le ZRP garantit l’absence de résidus de pesticides à l’étal, dans la limite de quantification des instruments actuels de mesure, soit 0,01 mg/kg pour une majorité de substances actives. Une promesse qui se paie au prix (fort) de près de 4.000 analyses de résidus (une par lot), et que le consommateur paie bien évidemment en bout de chaine. « Les consommateurs sont capables de comprendre qu’il faut mettre 10, 15 ou 20 centimes supplémentaires au kilo pour avoir une promesse claire et factuelle engagée sur le produit », explique Quentin Gibert.

"Au Salon de l’agriculture, on est de moins en moins questionné sur la différence entre bio et ZRP"

La Collectif Nouveaux Champs réfute la thèse selon laquelle son label, avec d’autres, entretiendrait dans l’esprit des consommateurs la confusion avec l’AB, comme le dénonce parfois la filière bio. « C’est un faux débat, balaie Quentin Gibert. Le recrutement de nouveaux consommateurs de produits ZRP s’opère 8 fois sur 10 sur le conventionnel et pas sur la bio. Au Salon de l’agriculture, on est de moins en moins questionné sur la différence entre bio et ZRP. Il faut trouver le bon niveau de complémentarité entre des démarches qui font avancer l’agriculture française au service des transitions et de la création de valeur ».

-43% d'IFT par rapport au conventionnel

L’utilisation de variétés tolérantes ou résistantes, la mise en œuvre de bonnes pratiques agricoles (rotations, cultures intermédiaires, désherbage mécanique...), des équipements de production adaptés (serres fermées, filets...), la gestion et l’enrichissement de la faune et la flore indigènes, la pratique de la protection biologique intégrée, voire de l’agriculture biologique : tels sont les fondements du label ZRP. Selon une étude menée en 2022 chez 41 adhérents engagés dans la démarche, représentatifs de 450 producteurs et 4.000 ha (plein champ et serres), la réduction de l’IFT atteignait -43% par rapport aux mêmes productions produits sur les mêmes lieux en conventionnel. En moyenne, environ 12% des volumes ne répondent pas au cahier des charges ZRP, tout en affichant des seuils inférieurs aux LMR.

Pas sûr que les IFT et LMR parlent aux communs des visiteurs du Salon de l’agriculture. « Quand on aborde un consommateur, il faut évoquer deux ou trois éléments de compréhension qui vont lui permettre d’acheter en confiance, indique Quentin Gibert. C’est l’une des missions de notre force de vente sur le terrain, auprès des plateformes nationales, des magasins mais aussi des consommateurs ». C’est peut-être là que la bio pêche, alors qu’elle croule, non pas sous les promesses, mais sous les faits en matière de respect des sols, de l’eau, de l’air, de la biodiversité etc. Autant de sujets sur lesquels travaille aussi le Collectif Nouveaux Champs.