Blé dur : les prix peuvent-ils continuer à grimper ?

Les prix sont repartis à la hausse depuis septembre, et pourraient continuer à grimper. Les volumes à l’export devraient fortement reculer cette année, faute de volumes suffisants.

La tension installée depuis deux ans sur les marchés français et européen du blé dur soutient les cours. Après avoir ployé en juillet, la cotation FOB La Pallice est repartie à la hausse dès fin septembre, et avoisinait 275 euros/tonne début novembre.

Mais qui en profitera ? « Cette année, il n’y a que dans la région Centre qu’on a à la fois le volume et la qualité, explique un courtier familier de ce marché. Sur la façade atlantique, la qualité est moyenne et les volumes assez limités, tandis que dans le Sud-Est la qualité est bonne mais les volumes très faibles. Dans le Sud-Ouest, il n’y a ni qualité, ni volume. »

Situation qualitative difficile dans le Sud-Ouest

Le manque de tonnage va pénaliser les exportations qui, selon plusieurs courtiers, pourraient passer sous les 800 000 tonnes en 2020-2021, moitié moins qu’en 2017-2018. Dans le Sud-Ouest, la qualité de la récolte 2020 a en outre été mise à mal par des pluies de fin de cycle. Les opérateurs doivent se battre avec des teneurs en mycotoxines qui flirtent avec le seuil maximal autorisé par la réglementation (1750 microgrammes par kilo), et des Hagberg minimalistes. Une partie des volumes sera orientée vers l’alimentation animale. « Une vraie galère ! », résume un courtier.

Le blé dur du Sud-Est est de bonne qualité mais l’effondrement des surfaces dans cette zone se traduit par une faible disponibilité. La région Centre et l’hinterland de La Pallice seront donc les principaux fournisseurs à l’export, notamment pour alimenter la demande nord-européenne et celle du nord de l’Italie. Le Centre doit aussi approvisionner les industriels français. Cet afflux de demande pour le blé dur « nordique » explique la déconnexion actuelle des prix dans la région Centre, avec un prix départ ferme en Beauce proche des prix portuaires.

Une récolte canadienne de blé dur volumineuse et d'excellente qualité

De quoi espérer une hausse des prix en deuxième moitié de campagne ? Il faudra toutefois compter avec le Canada. Le premier producteur mondial a engrangé une énorme récolte cette année, évaluée autour de 6,5 millions de tonnes par les opérateurs. En outre, le millésime 2020 est d’excellente qualité. « D’une certaine manière, cela nous arrange, car les Canadiens vendent leur blé dur au prix fort, commente un courtier. Le pire aurait été qu’ils inondent le marché avec de la qualité médiocre à prix cassé. » Si la hausse des cours se confirme en France, les bénéficiaires seront peu nombreux : les agriculteurs ont déjà engagé autour de 80 % de la récolte 2020.