Incertitudes, tensions géopolitiques, quelles conséquences sur les matières agricoles ?

[VIDÉO] Un rebond généralisé est constaté depuis la mi-mars pour les matières premières agricoles mais de nombreuses incertitudes pourraient inverser la tendance. 3 chiffres, 3 analyses, décryptés par Cédric Renault, expert en matières premières chez Cacéis, groupe Crédit Agricole SA.

53 000

Selon le dernier COT « Commitments of Traders » publié par Euronext, les fonds financiers continuent d’ajuster leurs positions et réduisent leur exposition vendeuse le MATIF. Depuis le 13 avril dernier, les fonds financiers ont racheté 53 000 contrats sur le blé. Ce type d’opérateur observe une très grande prudence en raison des nombreuses incertitudes qui demeurent sur le plan géopolitique ou météorologique. Conséquence, le blé sur l’échéance mai 2024 se maintient au-dessus des 200 € et se consolide autour des 205 €. Malgré un bilan fin de campagne jugé plutôt lourd et un manque de compétitivité de l’origine France, le marché se tient et le biais à court terme est plutôt à la hausse. À la moindre étincelle climatique ou géopolitique, les cours pourraient retrouver des couleurs. Aujourd’hui la première résistance à surveiller reste autour des 210 €. Seul un retour sous 200 € pourrait inverser cette tendance à court terme.

460

Sur l’échéance mai 2024, le colza est revenu se négocier en fin de semaine dernière au-dessus de la résistance des 460 €. Plusieurs éléments peuvent expliquer la bonne tenue du colza : la hausse des cours du pétrole en raison des tensions au Moyen-Orient, la hausse des huiles depuis mi-mars et la faiblesse de la parité euro/dollar au plus bas depuis 2 mois. La dynamique court terme sur le colza reste haussière tant que le contrat arrive à se maintenir au-dessus des 450 €. De nombreuses incertitudes subsistent également sur le canola en Australie et au Canada en raison du déficit hydrique marqué. Pour la suite, tendance plutôt haussière sur le colza à court terme. Attention en cas de repli des huiles ou en cas de détente des tensions notamment sur le Moyen-Orient avec une baisse de pétrole qui pourrait impacter le colza. 

18

La semaine passée les opérateurs étaient tournés sur les États-Unis et l’inflation américaine pour le mois de mars. Mauvaise nouvelle : l’indice CPI des prix à la consommation a progressé le mois dernier, pour le troisième mois consécutif, ce qui a conduit les investisseurs à revoir significativement leurs anticipations de taux. Une réduction des taux en juin est à présent jugée peu probable et demeure incertaine pour le mois de juillet, avec une probabilité de seulement 50 %.

Pour l’ensemble de l’année, les opérateurs tablent à présent sur un assouplissement inférieur à 50 points de base en moyenne. Ce retournement en termes de politique monétaire a pesé sur l’appétit pour le risque : L’ajustement des anticipations de taux à la hausse a provoqué une appréciation du dollar, qui a gagné près de 1.5 % la semaine passée face à l’euro. Depuis le début de l’année le dollar a progressé de près de 3.5 %. L’or, valeur-refuge par excellence contre l’inflation, a progressé de 3 % la semaine passée pour venir tester la résistance des 2400 $. Depuis le début de l’année, l’or progresse de + de 18 %.

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Louise Delaroa