Brucellose dans les Savoie : la feuille de route du ministère de l’Agriculture

L’objectif est d’éradiquer une maladie à la fois très contagieuse et transmissible à l’homme, après la découverte d’un troupeau de bovins infectés en novembre 2021, puis d’un bouquetin infecté en juillet dernier.

La France est officiellement indemne de brucellose depuis 2005 mais la maladie a resurgi 2012 à partir d’un foyer d’infection persistant dans les populations de bouquetins du massif du Bargy (Haute-Savoie). En novembre 2021, un cas de brucellose avait été détecté dans un élevage de vaches laitières en Haute-Savoie. En juillet dernier, c’est un bouquetin qui avait été détecté comme étant infecté par cette maladie bactérienne très contagieuse pour les ruminants, et dont les bouquetins constituent un réservoir. S’en était ensuivi le « prélèvement » de 61 spécimens, au grand dam de certaines associations (AJAS, ASPAS, FNE, LPO...) dénonçant « un massacre, au sens propre du terme, car seuls un ou deux bouquetins parmi les 61 abattus étaient potentiellement séropositifs selon les premières analyses », aux dires de ces associations.

La maladie peut aussi se transmettre à l’Homme, après contact direct avec des animaux atteints de brucellose, sinon en consommant des produits laitiers frais au lait cru provenant d’animaux infectés.

Surveiller et éradiquer

Pour garantir la santé des consommateurs tout en maîtrisant les effets de cette zoonose sur les élevages, le ministère de l’Agriculture a élaboré une feuille de route en mobilisant « tous les acteurs (...) éleveurs, fromagers, association de protection de la nature, chasseurs, pour atteindre l’objectif d’éradication de cette maladie et protéger la santé publique et la santé animale tout en préservant la biodiversité ».

Le premier axe consiste à renforcer les mesures de surveillance et de lutte en vigueur depuis 2012 au sein de la faune sauvage, chez les bouquetins mais également chez les espèces chassées (chamois cerfs…). La surveillance est également renforcée dans les élevages estivant dans le massif des Aravis en Savoie. En cas de détection d’un foyer en élevage, « seul l’abattage total garantit l’éradication de la maladie, en raison de la forte contagiosité de la brucellose, de la durée d’incubation longue et de l’absence de symptômes cliniques dans certains cas », justifie le ministère. L’objectif est également de viser l’extinction de la maladie dans les populations de bouquetins, via des opérations de capture et de tirs visent à réduire la prévalence de la maladie au sein de la population de bouquetins, « sans menacer la survie de l’espèce », précise le ministère.

Renforcer la connaissance et accompagner

L’Etat va par ailleurs mobiliser des moyens financiers pour améliorer les performances d’analyses et de détection de la bactérie Brucella dans le lait et les fromages et suivre le comportement de brucella tout au long de la durée de vie de fromages qui seraient contaminés, l’objectif étant de mieux maîtriser les effets des mesures de lutte sur les filières aval.

Le ministère de l’Agriculture s’est enfin engagé à créer des groupes de travail et des comités de suivi avec les acteurs locaux pour partager les résultats des programmes de surveillance et discuter des mesures de gestion en cas de détection de foyer en élevage. La validation récente d’un nouveau test par l’Anses va permettre de diminuer le temps nécessaire pour déterminer si un foyer est indemne ou infecté de brucellose et de réduire ainsi les impacts sur les cheptels suspects et leurs productions.