Calamités : l’indice « Airbus » plutôt que l’herbomètre

La réforme des calamités agricoles pourrait entériner le recours à l’Indice de production des prairies (IPP) déjà en usage pour l’assurance récolte. Perfectible, l’IPP a fait la preuve de sa fiabilité, selon l’Institut de l’élevage.

L’Indice de production des prairies (IPP) est un bon indicateur de la variation de biomasse annuelle et reste le meilleur outil opérationnel disponible à ce jour pour évaluer les encarts de production interannuelle à l’échelle géographique considérée, en écartant la variabilité́ d’une approche qualitative par sondage : telle est la conclusion d’une étude de l’Institut de l’élevage, menée pendant quatre ans sur 190 parcelles. L’étude est mise en avant dans un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), mandaté par le ministère de l’Agriculture pour alimenter la réforme du Fonds national de gestion des risques en agriculture (FNGRA), dont les fondements et les modalités d’application sont mis à mal par les épisodes récurrents de sécheresse.

Un indice satellitaire mais pas hors sol

Développé par Airbus, en partenariat avec la profession et ls assureurs, l’IPF repose sur des observations satellitaires à l’échelle communale. Calculé tous les dix jours de février à octobre, il permet ainsi de s’affranchir des variations individuelles liées au mode d’exploitation. L’indice de pousse est comparé à l’indice moyen des cinq années antérieures et déclenche, le cas échéant, l’indemnisation ds éleveurs ayant souscrit une assurance récolte. Selon Airbus, l’IPP est la seule solution qui ait été évaluée scientifiquement et qui présente une homogénéité des résultats à l’échelle de tout le territoire. Plus de 95% des mesures de l’indice se situent dans l’intervalle de confiance de ± 15% et 100% dans l’intervalle de ± 18%, des résultats « objectivement très bons ». Les mesures à l’herbomètre seraient créditées d’une précision de ±15%, avec une variabilité accrue de 3% selon l’opérateur en présence. L’Association internationale des assureurs grêle fait état de son côté d’une variabilité des mesures terrain de 30% entre différents groupes d’experts.

Automatiser et objectiver

En décembre 2020, le Comité́ des indices a reconnu la pertinence de l’indice utilisé par les assureurs, tout en soulignant des pistes d’amélioration. L’IPP est notamment critiqué pour ses défauts d’appréciation des parcours, notamment les prairies sous couvert, qui sont le plus souvent les premiers touchés par la sècheresse. Le CGAAER relève par ailleurs que des es travaux sont en cours pour améliorer la corrélation par la prise en compte d’une variable retranscrivant le stress hydrique et par une meilleure prise en compte de la phénologie des prairies. « Quand le FNGRA intervient sur la base d’un déficit fourrager minimum mettant en jeu de très nombreuses données plus ou moins fiables (expertises de terrain, barèmes, données statistiques départementales, diverses données météorologiques...) et des calculs compliqués, l’assurance indemnise sur une base indicielle relativement simple, l’Indice de production des prairies », argumente le CGAAER, qui préconise le recours à l’IPP dans le cadre du projet de réforme des calamités agricoles, inscrit au menu du Varenne de l’eau et du climat.

L’IPP étant doué de la double faculté d’automatiser et d’objectiver les mesures, l’indice ferait office d’outil de pré-zonage et induirait un rôle plus limité des Comités départementaux d’expertise (CDE) et des commissions d’enquête sur le terrain. Le CGAAER La mission juge utile que le « pré-zonage » proposé aux départements soit accompagné d’une proposition de plan d’échantillonnage pour les visites des missions d’enquête.