Comment allier rentabilité et performance carbone ?

Tous les secteurs d’activité, y compris l’agriculture, se soucient d’une triple performance alliant l’économie, le social et l’environnement. Le réseau Cerfrance et l’Atelier des Études Économiques, Références, Veille et Prospective, ont mené une analyse de la rentabilité et de la performance carbone des exploitations laitières de la moitié nord de la France.

Rentabilité et performance carbone : dans quel contexte ?

L’évaluation et la réduction de l’impact carbone agricole, c’est-à-dire l’ensemble des gaz à effet de serre émis en agriculture auxquels on soustrait la capacité de stockage de carbone des sols, est maintenant répandue. Elle devient même source de bonus lors de demandes d’aides, comme les PCAE ou demain pour des financements bancaires.

En élevage, nous avons déjà réalisé de nombreux diagnostics carbone, donnant deux avantages aux éleveurs : positionner leur élevage par rapport à l’impact carbone d’exploitations équivalentes et générer un financement via des crédits carbone.

L’étude ci-dessous a été menée sur les exploitations « bovin lait » du réseau Cerfrance dans la moitié Nord du pays. Elle compare les résultats des diagnostics carbone effectués entre 2020 et 2022 et les principaux indicateurs économiques de ces exploitations

Performance carbone et économique vont de pair

A première vue, la marge aux 1000L de lait est d’autant plus élevée que l’exploitation possède une empreinte carbone faible. Ceci est principalement lié à une meilleure efficience des intrants utilisés dans la production, que ce soit les fourrages produits sur l’exploitation ou les achats d’aliments et d’engrais.

L’étude montre que le lien entre économie et carbone n’est pas systématique. Selon les indicateurs comparés, on retrouve des performances carbones variables dans les exploitations en bonne santé économique. Nous observons cependant une surreprésentation des exploitations performantes économiquement parmi celles qui ont l’impact carbone le plus faible.

Maîtriser son système de production quel qu’il soit

Les exploitations alliant une bonne performance carbone et une forte rentabilité sont variées, allant de la stratégie d’autonome forte en système herbe jusqu’au systèmes intensifs maïs avec achat d’aliment. L’étude montre, au sens des émissions de gaz à effet de serre, que la différence de performance ne porte pas sur le choix de système de production mais sur la maîtrise et l’optimisation de ce dernier. La maîtrise technique entraîne alors une bonne rentabilité et un impact carbone moindre.

Une réduction de 160 tonnes de carbone par an en élevage bovin lait

Le dernier appel à projet recense plus de 190 exploitations laitières issues du réseau Cerfrance dans le grand-ouest. Avec un gain médian de 817 Tonnes de carbone sur 5 années de projet valorisées à 32€/t CO2, ces exploitations ont prévu de mener des actions d’optimisation de leur outil de production. Les principaux leviers bas carbone mis en place dans les élevages portent sur la gestion de troupeau (réduction de l’âge au vêlage, renouvellement, productivité), la gestion de la rotation en incluant davantage de prairies temporaires diversifiées ou encore l’optimisation des apports d’engrais minéraux. On notera cependant que les stratégies de changement de système (pâturage, autonomie protéique), couplées à l’optimisation du système d’élevage existant, présentent les gains carbone les plus élevés.