Comptes de l’agriculture : 2020, une année plombée par les grandes cultures

Dans le contexte troublé de l’année 2020, l’agriculture française a évité le pire mais elle n’a pas pu empêcher une baisse de son résultat, que l’Insee mesure par un recul de la valeur ajoutée brute par rapport à 2019.

Même si en 2020 la crise sanitaire a globalement moins touché l’agriculture que les autres activités économiques, la valeur ajoutée de la branche agricole se replie par rapport à 2019. Au total, d’après les estimations du compte provisoire de l’agriculture publié le 7 juillet par l’Insee, la production agricole en valeur diminue de 1,9% en 2020. Les productions végétales, qui assurent les deux tiers de la valeur de la production agricole française, ont été au cœur de toutes les tensions que l’agriculture a traversé en 2020 : crise sanitaire (vins pénalisés par la fermeture des marchés de la restauration hors domicile), dérèglement climatique (récolte céréalière en recul sous l’effet de la canicule) et propagation du virus de la jaunisse de la betterave. Au total, la production végétale perd 1 milliard d’euros par rapport à 2019. La valeur de la production animale décroît plus modérément, de 0,9%, la hausse des volumes ne compensant pas entièrement la baisse des prix.

Dans le même temps, les consommations intermédiaires des agriculteurs diminuent de 2% du fait essentiellement de la moindre consommation d’engrais et de la baisse des prix de l’énergie. De même que la production, la valeur ajoutée de la branche agricole se replie. Au total, d’après les estimations du compte provisoire de l’agriculture, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif diminuerait de 3,3% en 2020 en termes réels, après une baisse de 5,1% en 2019.

Améliorer la résilience

Alors que la production intérieure brute, tous secteurs confondus, a chuté de 8% en France en 2020, « les agriculteurs ont prouvé en 2020 leur capacité d’adaptation pour approvisionner les Français sur le marché national, mais aussi les pays tiers par le biais d’exportations de produits agricoles bruts toujours dynamiques et stables par rapport à 2019 (+ 0,2%) », a réagi la FNSEA dans un communiqué.

Pour la FNSEA, l'année 2020 illustre « la nécessité d'avancer sur l'amélioration de la résilience face aux aléas, l'adaptation au changement climatique des exploitations, combinée à une meilleure valorisation qui prenne en compte les coûts de production ». Le syndicat attend beaucoup des travaux du Varenne agricole de l'eau, des suites de la proposition de loi Egalim 2 ou encore du Plan de relance.

Réduction des investissements

L’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) tire une information importante des comptes publiés par l’Insee : « à force de tensions économiques et d’aléas aux effets dévastateurs ces dernières années, les agriculteurs français ont réduit leurs investissements depuis 10 ans », écrivent les chambres dans un communiqué. « Le Plan de relance instauré en 2020, dont l’une des finalités est de soutenir les investissements afin de conduire la transition de l’agriculture vers davantage d’autonomie, aura des conséquences positives pour enrayer le recul de ces investissements », espère l’APCA.

Les résultats publiés par l’Insee sont représentatifs de l’activité agricole dans son ensemble mais ne disent rien des situations individuelles des exploitations agricoles. Sur ce point, « les données du RICA issues d’un échantillon de plus de 7000 exploitations montrent que chaque année, les résultats d’activité sont négatifs pour environ 20% exploitations, rappelle l’ACPA. On ne peut s’empêcher de craindre que cette proportion se soit aggravée en 2020. On le saura en décembre 2021, quand le Ministère de l’agriculture publiera les données du RICA de 2020, lors de la prochaine Commission des Comptes de l’Agriculture Nationale ».