Comptes de l'agriculture : nouvelle baisse de la production de valeur en 2020

Lors de la Commission des comptes de l'agriculture nationale (CCAN) du 16 décembre, l'Insee a publié le compte prévisionnel de l'agriculture pour 2020. Résultat : une baisse de la valeur ajoutée brute de 6,5 % par rapport à l'an dernier.

Les richesses produites par les exploitants agricoles devraient reculer de 6,5%, après une baisse de 4,3% en 2019, selon cette étude qui prend comme référence la "valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif". Cet indicateur est, en résumé, le solde entre les recettes et les dépenses liées à la production. Il comprend les recettes et les subventions des aides européennes, moins les dépenses de production comme l'énergie, les engrais, les aliments pour animaux. Il ne comprend pas en revanche les charges salariales, les impôts, les intérêts ou les charges locatives.

Cette première estimation de l'Insee, basée sur des données collectées jusqu'au mois d'octobre, table sur un net repli lié notamment au recul de production des céréales. En raison de mauvaises conditions climatiques, "la production céréalière baisse nettement en volume (-18,7%), en particulier pour le blé tendre (-26,4%), l'orge (-23,5%) et le blé dur (-17,1%)", rappelle l'Insee.

Ces reculs de production sont partiellement compensés par une meilleure valorisation, souligne l'Insee, qui fait valoir que "les prix des céréales (+8,1%) sont soutenus par le déficit d'offre dans l'hémisphère nord et par la demande mondiale adressée à la France". Autre point noir, "la production de betteraves industrielles a chuté (-28,4%) sous l'effet de conditions climatiques défavorables et du virus de la jaunisse ayant détruit les cultures", relève l'Insee.

"Il y a eu ces mauvaises récoltes céréalières, mais qui ont été un peu compensées quand même par l'augmentation des prix des céréales sur le dernier semestre, en particulier sur le dernier trimestre", a commenté Thierry Pouch, responsable des études pour les chambres d'agriculture.

Productions animales : des prix en baisse

Concernant la production animale, la dynamique est à peu près l'inverse des céréales, avec une légère croissance de la production (+0,4%), mais des prix en baisse (-1,3%) "du fait essentiellement du porc (-4% après +21,5% en 2019) et du lait (-1,6% après +3,6%)", selon l'Insee.

Autre élément d'inquiétude pour M. Pouch, les effets de la pandémie sur l'excédent commercial de l'agroalimentaire française et notamment les exportations de vins et spiritueux : "le recul des exportations en 2020 est aux alentours d'un tout petit peu moins de 3 milliards dont 80% s'expliquent par les baisses d'exportations de vin et alcool", a-t-il déclaré à l'AFP. Au total, selon lui, l'excédent commercial de l'agroalimentaire français, qui était autour de 8 milliards d'euros en 2019, "va reculer de 1,6 à 2 milliards d'euros en 2020".

Selon l'Insee, l’ensemble de la production (hors subventions) en valeur diminue en 2020 pour la deuxième année consécutive (–2,1% après –1,6%), après une forte croissance en 2018 (+7,1%). "Au total, entre 2017 et 2020, l'ensemble de la production (hors subventions) croît en valeur de 3,2 %", indique l'étude.

Dans le même temps, les charges "seraient quasi stables en valeur (+0,3% après +1,2% en 2019), les prix (+0,4%) et les volumes variant peu (–0,1%)".

Enfin, "les subventions d’exploitation s’élèveraient à 7,9 milliards d’euros, en repli de 375 millions par rapport à 2019". L'Insee explique ce recul par la disparition du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), transformé en allègement de cotisations patronales au 1er janvier 2019.