Denormandie interpelle l'UE sur sa stratégie de verdissement

Les stratégies européennes pour l'environnement et l'agriculture ne doivent pas aboutir à réduire la production alimentaire en Europe, a soutenu le ministre français de l'Agriculture Julien Denormandie, lors du congrès annuel de la FNSEA le 23 septembre.

Selon le ministre, les pistes de Bruxelles pour améliorer la qualité de l'alimentation européenne risquent d'aboutir à un "non-sens en termes de souveraineté et un non-sens environnemental". "J'espère que les esprits chagrins ou qui ne souhaitent pas ouvrir les yeux en Europe vont définitivement le faire", a déclaré M. Denormandie, à l'occasion du congrès annuel de la FNSEA, à Niort. "Je l'ai dit au commissaire" européen à l'Agriculture Janusz Wojciechowski, a-t-il ajouté.

Le ministre mentionnait une récente étude du service scientifique de la Commission européenne (JRC en anglais), qui dresse un tableau préliminaire des conséquences potentielles des stratégies européennes pour l'agriculture (PAC), l'alimentation ("De la ferme à la fourchette") et la biodiversité. Il est notamment prévu une baisse de 50% des pesticides d'ici 2030, une réduction de l'usage de fertilisants, et l'objectif de réserver au moins un quart des terres aux cultures biologiques tout en accroissant les surfaces en jachère ou rendues à la nature pour préserver la biodiversité.

Déclin de la production

Les scénarios esquissés mettent en évidence "des bénéfices environnementaux importants", mais "pas complètement quantifiés". Ils relèvent aussi "un déclin de la production agricole européenne", en parallèle d'une augmentation des importations d'aliments potentiellement produits dans des pays moins soucieux de la planète.

"Si une transition consiste à dire : Je fais la transition chez moi, mais de l'autre côté j'importe ce que je ne fais plus chez moi (...) ça revient à dire loin des yeux loin de ma conscience environnementale, c'est hypocrite", a insisté M. Denormandie, applaudi à la fin de son discours.

Évoquant également cette étude, la présidente de la FNSEA Christiane Lambert s'est exclamée : "Bravo les stratèges, on croit rêver !" "Est-ce ainsi que nous allons sauver la planète, mais quelle naïveté ! (...) Produire moins, c'est produire de la faim", a-t-elle continué.

Dans un tweet le 23 septembre, le commissaire européen a souligné que le document du JRC n'était "pas une étude d'impact" et qu'une "évaluation complète" serait réalisée avant toute proposition législative.