Emmanuel Macron : « quand on met les mains dans la terre, dans la glaise, on sort des idées reçues »

En visite sur l’exploitation de Michel et Chantal Galmel dans l’Eure, engagée en agriculture de conservation des sols et en agroforesterie, le chef de l’État a défendu sa politique visant à concilier et à réconcilier agriculture et écologie, écartant le dogmatisme et bannissant la stigmatisation, au profit des « travaux pratiques » et de l’accompagnement dans les transitions.

« Moi je crois dans l’écologie du concret et des travaux pratiques », a déclaré Emmanuel Macron à l’occasion d’une visite d’exploitation située à Tilly (Eure), produisant notamment du cidre. A la tête de la Ferme des Ruelles, Michel et Chantal Galmel ont mis en œuvre depuis plus de 25 ans des mesures agroécologiques quand on ne les désignait pas encore ainsi : haies, mares, agroforesterie, miscanthus, potager conduit en permaculture, agriculture de conservation des sols.

« Une ferme exemplaire », a soufflé le président de la République. Le glyphosate était évidemment du voyage. « Monsieur Galmel nous a parfaitement expliqué pourquoi il avait besoin de glyphosate, a déclaré Emmanuel Macron. Le glyphosate lui permet de mettre en œuvre une agriculture de conservation des sols, qui permet de stocker le CO2. C’est moins mauvais que de labourer les sols et de tout retourner. On a appris collectivement et c’est parfois très loin des dogmes. On nous a longtemps expliqué : est un vrai écologiste celui qui nous dit : « il n’y aura plus de glyphosate nulle part ». Faux ! Travaux pratiques ! Venez visiter la ferme de monsieur Galmel. Quand on met les mains dans la terre, dans la glaise, on sort des idées reçues et des propos d’estrade ».

 « L’argent dans les cours de ferme »

Avec en arrière-plan ses ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique, Emmanuel Macron a ainsi justifié le choix de préserver l’herbicide controversé pour les deux campagnes à venir, moyennant des restrictions d’utilisation. « On ne peut pas demander à qui que ce soit, surtout compte tenu des revenus agricoles aujourd’hui, de tout changer, sans accompagner les gens sur plusieurs années, sur le temps de la nature. On doit sortir de la stigmatisation ».

"Le citoyen veut tout changer du jour au lendemain mais n’est pas d’accord pour payer la transition"

Refusant de se laisser enfermer dans un débat manichéen entre agriculture et écologie, le chef de l’Etat, a prôné le pragmatisme, pour en pas dire le « en même temps » et pourfendu les procès en incohérence de sa politique, citant par exemple l’abandon de projets tels que l’aéroport de Notre-Dame-des-landes (Loire-Atlantique) ou Europa-City (Val d’Oise), « des projets qui détruisent les paysages, qui ne sont plus conformes aux usages actuels et qu’aucun de mes prédécesseurs n’avaient eu le courage d’arrêter », s’est défendu le chef de l’Etat, pointant aussi les contradictions du citoyen qui « veut tout changer du jour au lendemain et qui n’est pas d’accord pour payer la transition (...) Nous devons à la fois créer de la valeur et traduire en actes notre ambition écologique et nos agriculteurs sont absolument clé en la matière. Il faut que l’argent aille dans les cours de ferme »

"Si l’Europe a un visage concret, c’est celui de l’agriculture"

A propos d’argent, Emmanuel Macon n’a pas manqué de rappeler les différents plans mis en œuvre depuis le début de son quinquennat, à commencer par le Plan ambition bio, « de plus d’un milliard d’euros » et plus récemment le Plan « plantons des haies », le Plan protéines et le Plan de relance, sans oublier la défense du budget de la Pac. « Si l’Europe a un visage concret, c’est celui de l’agriculture, a lancé Emmanuel Macron. Nous avons âprement négocié notre Pac pour préserver le revenu de nos agriculteurs ».

Le président de la République souhaite que la Pac constitue un prolongement au Plan de relance français, « reconnu comme l’un des plus environnementaux en Europe ». Il souhaite aussi que l’Europe s’inspire du Plan protéines pour mettre fin à l’incohérence consistant à « dénoncer la déforestation au Brésil et à importer du soja ». Emmanuel Macron mise sur la future présidence française de l’UE au premier semestre 2022 pour porter ces ambitions.