[Essais] Peu de désherbages herbicides concluants sur phacélie et trèfles annuels

Des essais désherbage sur phacélie et trèfles annuels ainsi que les itinéraires techniques de la station régionale de semences ont été présentés par la Fnams* région Centre le 20 juin, à St-Germain du Puy. Les molécules disponibles se raréfient, ces essais viennent en appui pour une homologation future.

"De plus en plus de plantes de service sont utilisées, ce qui conduit à un développement de nouvelles espèces fourragères ou légumineuses. Le désherbage de ces cultures doit être approfondi », avertit Marion Bouviala, ingénieure régionale pour la Fnams Centre. La phacélie et les trèfles d’Alexandrie en sont des exemples.

A la station de St-Germain du Puy, la Fnams teste la sélectivité de différents herbicides, certains en attente d’homologation, et les itinéraires techniques de nouvelles espèces.

Peu de produits sélectifs sur phacélie

La culture de la phacélie apparait notamment pour les couverts associés ; c’est une plante stratégique qui s’adapte facilement. La Fnams a testé des produits homologués pour des fourragères sur cette espèce afin d’acquérir des références techniques.

Au final peu de produits sont sélectifs de la culture. « Il est difficile de trouver un herbicide correct pour la phacélie. La plante sait toutefois compenser, elle est résiliente », avance Marion Bouviala. En post-levée de 3 à 5 feuilles, la Fnams retient  deux produits : le Lontrel à 1 l/ha, et le Prowl 400 à 1 l/ha. Le Lentagran à 1 kg/ ha, le Starane 200 à 0.5 l/ha et le Tropotone à 2 l/ha méritent d’être retravaillés. Beaucoup de préparations ne sont pas sélectives comme le Racer, le Fox, le Challenge ou le Lonpar, en prélevée ou en post-levée, tassements et pertes de pieds ont été observés.

Des efficacités variables sur trèfles annuels

En multiplication de semences de trèfles annuels, la maîtrise des adventices se pratique par extrapolation des herbicides utilisés sur trèfles violet et incarnat. En vue de confirmer des écarts de sensibilité éventuels et d’obtenir des référencements de sélectivité pour de futures homologations sur ces deux espèces de trèfle, une étude est initiée depuis le printemps 2020 sous forme de tri herbicide incluant des références sur trèfle violet et quelques produits en cours de test.  

Les essais ont été menés en bandes sur des micro-parcelles de 20 m2 pour six espèces de trèfles : d’Alexandrie, violet, de Perse, de Micheli, Squarrosum et vésiculeux. Ils ont été semés le 29 mars dernier pour une levée le 11 avril, ils ont bénéficié de 30 mm d’irrigation le 6 juin. Certains des traitements ont eu lieu en post-levée jusqu’à 3 feuilles, c’est-à-dire qu’ils ont démarré le 11 mai car avril était un mois frais, d’autres en postlevée à 6 feuilles.

Les espèces se comportent différemment selon les produits, le climat et les précipitations. Le Corum à 1,25 l/ha associé à Dash à 1 l/ha, le Basagran à 0.8 kg/ha ou à 1.6 kg/ha, le Prowl à 2 l/ha ou à 4 l/ha, le Fox à 2 l/ ha sont concluants pour le désherbage des trèfles, sauf le Basagran pour le trèfle de Perse. Le Basagran à 0.8 kg/ha couplé au Tropotone à 2 l/ha est moins sélectif sur les trèfles d’Alexandrie et de Perse que sur le trèfle violet. Le Tropotone à 4 l/ha a des résultats hétérogènes sur les trèfles. Le Sunfire est à oublier. Le Nirvana à 2 l/ha ou à 4 l/ ha a manqué de sélectivité en postlevée à 3 feuilles mais a bien été toléré à 6 feuilles. Toujours au stade 6 feuilles le Spotlight à 0.6 l/ ha n’est pas une modalité à retenir. Le Defi à 2.5 l/ha associé au Trooper 2 l/ha pourrait être intéressant notamment très efficace sur le trèfle violet.

Itinéraire technique phacélie et trèfle d’alexandrie

Depuis 3 ans, le recours à la phacélie et au trèfle d’Alexandrie, se développe en couverts végétaux. La Fnams conduit des essais d’itinéraires culturaux afin d’évaluer la productivité grainière, et d’étudier certains points techniques de la production de semences.

"Nous travaillons des espèces qui ont le plus de potentiels : fenugrec, phacélie, trèfle d’Alexandrie, et même moutarde que nous avons abandonnée au bout de 2 ans car elle rencontre trop de problèmes de ravageurs, explique Marion Bouviala."

Les essais ont été faits sur semis de printemps, pour lesquelles la Fnams teste quelques modalités avec des semis d’automne, afin d’évaluer la disponibilité en azote. Les résultats ne sont pas liés à la date d’implantation mais aux modalités. Deux aspects de l’itinéraire technique de ces plantes sont étudiés : la date de semis (mars-avril) et la fertilisation azotée (avec azote, sans azote, et fractionnements). Elles ont été semées le 22 mars et le 18 avril 2023. La phacélie a été semée à 8 kg/ha, le trèfle d’Alexandrie à 12 kg/ ha avec écartements entre rangs de 18 cm. La phacélie a levé le 3 avril et le 24 avril et le trèfle d’Alexandrie plus tard, le 11 avril et le 28 avril.

Quatre modalités de fertilisation sont mises en place sur la phacélie : pas d’azote, 65 unités au semis, 65 unités et 120 unités en fractionné. Un apport de 30 unités au semis pour le trèfle ne montre aujourd’hui pas forcément de différences pour la croissance de la plante. Il a besoin avant tout d’eau. 

*Fnams : Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences.