Eta : s’adapter à la réglementation et à une nouvelle clientèle

Les entrepreneurs de territoire ont de plus en plus de responsabilités dans l’exécution des travaux, vis-à-vis de la réglementation et des changements de pratiques. Ils connaissent également une évolution de leur clientèle. Exemple avec l’EURL Delanoue sise à Etréchy.

L’entreprise de travaux agricoles EURL Delanoue à Etréchy a été créée en 1995. Thierry Delanoue, le gérant, a débuté seul avant de développer son activité au fil des années.

Parmi les travaux sollicités par ses clients, citons la pulvérisation de produits phytosanitaires pour laquelle la réglementation se durcit. Elle mobilise trois mois d’activité chaque année dans une quinzaine d’exploitations. « Je prépare une fiche de chantier par client par parcelle et selon la société, la coopérative ou le négociant qui commercialise les produits. Le client fait le choix de son conseil », développe Céline Delanoue, secrétaire-comptable de la société. 

TOUT EST TRACÉ

Sur chaque fiche sur laquelle figure le numéro d’agrément de l’ETA, elle doit répertorier le nom du produit, son étiquette, le numéro de lot, la dose homologuée à l’hectare, le jour et l’heure de l’intervention, les références de la parcelle et la culture traitée, le temps passé à l’hectare... Toutes ces données témoignent de la traçabilité de ce qui est exécuté. « Comme ça tout est en règle, toutes les manipulations et réalisations enregistrées sont visibles et transparentes. Et s’il y a un problème, je peux remonter la traçabilité et supprimer le produit », poursuit Céline Delanoue.  La responsabilité de l’ETA en cas de non-conformité avec la réglementation peut être constatée lors d’un éventuel contrôle, c’est pourquoi le gérant fait preuve d’une grande rigueur. « Par exemple cela est arrivé que je ne puisse pas traiter près d’habitations car il n’y avait pas les ZNT, j’ai donc refusé le travail », rapporte le chef d’entreprise.  

"Le prix du carburant a été multiplié par 2, il est à 1,50 euro et a connu une pointe à 2 euros l’été 2022. Sachant que j’en utilise 10 000 litres par semaine, ça chiffre, note Thierry Delanoue"

Depuis février 2022, l’ETA fait face à des hausses de charges.  Et il n’y a pas que le carburant qui subit l’inflation : pièces d’usures, matériel, main-d’œuvre… tout augmente. Cela a contraint l’EURL à réviser sa grille des tarifs. « Je ne peux pas faire passer toutes les hausses, donc je diminue mes coûts de revient », évoque le chef d’entreprise qui voit le profil de sa clientèle se diversifier depuis quelques années.

DE NOUVEAUX PROFILS DE CLIENTS

« L’entreprise s’est développée progressivement au fil des demandes des clients. Je reste dans mon domaine de ferme à façon, afin de répondre à une demande de plus en plus diverse et à un autre profil de clients que je vois apparaitre », rapporte Thierry Delanoue.  Un nombre important d’agriculteurs figurent parmi ses clients : « l’achat d’un matériel agricole seul est de plus en plus onéreux et les trésoreries le permettent de moins en moins », justifie-t-il.

"« Mais il y a aussi une clientèle de propriétaires et une clientèle féminine, qui n’ont pas les moyens matériels de faire et qui font faire à façon »"

 Une situation qui illustre bien le changement qui s’opère dans le paysage agricole. « Il y a un problème de renouvellement des générations. De moins en moins de jeunes s’installent, des situations familiales évoluent, il y a des femmes veuves qui se retrouvent à devoir faire faire les travaux des champs, il y a des propriétaires qui ne sont pas agriculteurs et qui ne sont pas sur place... », constate l’entrepreneur. Son ETA se retrouve donc à travailler pour des domaines de 5 ha comme de 350 ha. « Le côté positif de cette diversité, c’est que cela permet d’échanger et que c’est enrichissant », apprécie celui qui est aussi amené à fournir des conseils sur les assolements.