Feu vert pour les néonicotinoïdes sur betteraves sucrières

La dérogation est de nouveau accordée pour les semis 2022, assortie de nouvelles mesures de réduction d’impact. Un système de « sécurisation de revenu » sera également testé. L’INRAE se veut confiant quant aux alternatives pour 2024, année où prendra fin le régime dérogatoire.

Pour la deuxième année consécutive et conformément à la loi du 14 décembre 2020, les semences de betteraves sucrières pourront être protégées des attaques de la jaunisse par les traitements de semences Gaucho 600 FS ou Cruiser SB, à base de néonicotinoïdes. En l’absence de solutions alternatives efficaces mobilisables à grande échelle, le Conseil de surveillance institué par la loi a en effet donné son aval à la réautorisation dérogatoire. L’arrêté du 31 janvier 2022 détaille la liste des cultures pouvant être semées, plantées ou replantées lors des campagnes suivant une betterave traitée, sur la base d’une expertise de l’Anses.

Une dispositif assurantiel spécifique, au cas où...

Afin de réduire les risques d’exposition des pollinisateurs, des essais seront menés pour jauger la faisabilité et l’efficacité de semis avec une moindre densité de semences enrobées. La filière s’est par ailleurs engagée à porter à 4000 ha les surfaces des bandes mellifères en bordure des champs de betteraves. La campagne 2022 sera celle aussi de l’expérimentation d’un dispositif assurantiel, dénommé « instrument de stabilisation des revenus ». Porté par le gouvernement via le Plan national de recherche et innovation (PNRI), il a vocation à compenser une partie des pertes de revenus des producteurs en cas de pertes de rendement dues au virus de la jaunisse, dans le cas où les alternatives aux néonicotinoïdes n’offriraient pas une protection équivalente. Le dispositif pourrait être généralisé à compter de 2024, année où le principe dérogatoire à l’utilisation des néonicotinoïdes prendra fin, indépendamment des alternatives alors disponibles.

Les alternatives en bonne voie

A cet égard, l’INRAE se montre optimiste quant aux travaux du PNRI, doté de 7 millions d’euros. « Au terme de cette première année de travaux, et sur la base des premiers résultats encourageants, l’INRAE estime que le PNRI fournira des solutions efficaces réduisant significativement le risque de jaunisse de betteraves, indique le ministère de l’Agriculture dans un communiqué. Cela permettra de se passer définitivement des néonicotinoïdes au plus tard à partir de la saison 2024 dans la conduite des cultures betteravières ».

Parmi les solutions alternatives figurent l’utilisation de cultures auxiliaires qui repoussent les pucerons, la mise en place d’infrastructures agroécologiques à proximité des champs de betteraves, la sélection variétale, le biocontrôle avec l’utilisation de médiateurs chimiques ou encore le recours à des prédateurs naturels des pucerons.