Vers une reconduction des néonicotinoïdes sur betteraves en 2022

Le Conseil de surveillance instauré par la loi du 14 décembre 2020 a rendu un avis favorable au semis de betteraves traitées au Cruiser SB ou au Gaucho 600 FS en 2022. En consultation publique jusqu’au 16 janvier 2022, le projet d’arrêté détaille le calendrier des cultures possibles derrière des betteraves traitées.

Après les attaques de jaunisse en 2020, qui ont engendré une perte de production de betteraves et de sucre de respectivement 28% et 31%, la loi du 14 décembre 2020 a autorisé les traitements de semences à base de thiamethoxam (Cruiser SB) ou d’imidaclopride (Gaucho 600 FS) pour trois campagnes maximum (2021, 2022, 2023). Mais à la veille de chaque campagne, le Conseil de surveillance, instauré par cette même loi, doit rendre un avis conditionnant la publication à suivre d’un arrêté. En date du 21 décembre, le Conseil de surveillance a rendu un avis favorable. Le projet d’arrêté est en consultation publique jusqu’au 16 janvier 2022.

Pas (encore) d’alternatives

Le Conseil de surveillance a fondé sa décision sur plusieurs paramètres, dont l’efficacité des traitements réalisés en 2021, la nécessité de sécuriser la production betteravière ou encore la difficulté à anticiper le risque épidémiologique au regard des réservoirs viraux et des prévisions climatiques, l’Inrae jugeant « qu’il n’est raisonnablement pas possible d’écarter l’hypothèse selon laquelle il y aura en 2022 une arrivée de pucerons suffisamment précoce, susceptible d’engendrer une fréquence significative de viroses avec une incidence négative sur le rendement en sucre de la betterave sur une part importante de la zone de culture de la betterave sucrière en France ».

Le Conseil de surveillance acte aussi « l’avancée notable des travaux pour la mise au point d’alternatives » aux néonicotinoïdes, sans pour autant en disposer concrètement pour 2022. La recherche de solutions alternatives s’inscrit dans le cadre du Plan national de recherche et d’innovation (PNRI) doté de 7 millions d’euros de crédits publics, pour un montant global supérieur à 20 millions d’euros avec les co- financements de l’Inrae et d’entreprises privées.

Dans ses conclusions publiées le 18 novembre dernier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a considéré que « les autorisations d’urgence délivrées en France sont fondées scientifiquement compte tenu de l’absence d’alternatives aux néonicotinoïdes pour le contrôle des pucerons de la betterave sucrière, tandis que les applications foliaires ne constituent pas des alternatives suffisantes au traitement des semences dans la mesure où elle ne permettent pas une maîtrise des proliférations précoces de pucerons ».

Quelles cultures derrière une betterave traitée ?

Le projet d’arrêté détaille les cultures pouvant être semées, plantées ou replantées lors des campagnes suivant une betterave traitée. Les préconisations reposent sur un avis du 13 décembre de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), qui a maintenu les règles édictées en début d’année, à savoir :

- l’année suivant celle de la culture : avoine, blé, choux, cultures fourragères non attractives, cultures légumières non attractives, endive, fétuque (semences), moha, oignon, orge, ray-grass, seigle, betterave sucrière à l’exception des semences traitées au thiamethoxam ou à l’imidaclopride, épeautre, épinard porte-graine, graminées fourragères porte-graine, haricot, miscanthus, soja, tabac, triticale, tritordeum

- la deuxième année suivant la culture : chanvre, maïs, pavot/œillette, pomme de terre, millet, quinoa

- la troisième année suivant la culture : colza, cultures fourragères mellifères, cultures légumières mellifères, féverole, lin fibre, luzerne, moutarde tardive, phacélie, pois, radis, tournesol, trèfle, vesce, lupin, sarrasin, sorgho.