Formations Agriculture de conservation

La Chambre d’agriculture, en partenariat avec l’ADPSA, organise deux formations de 3 jours sur l’agriculture de conservation en système d’élevage dans le sud et le centre du département, à partir de novembre.

L’un des intervenants, Nicolas Courtois, expert sur la question, présente cette formation :

Quel est votre parcours et qu’est-ce qui a déclenché chez vous l’intérêt de l’agriculture de conservation ?

N. Courtois : « J’ai obtenu mon diplôme à l'ISARA de Lyon, où j'ai approfondi mes connaissances en agriculture pendant une période d'environ 5 ans. En 2007, à la fin de mes études, j'ai eu l'opportunité de rencontrer des agriculteurs qui pratiquaient déjà l'agriculture sans labour depuis une décennie, mais qui rencontraient encore certains défis. Nous avons donc décidé d'explorer des approches alternatives pour améliorer leur mode de fonctionnement. Aujourd'hui, je travaille en tant que salarié chez Agri-Genève, où j'occupe une fonction technique axée sur l'agriculture de conservation. En plus de cette responsabilité, j'ai également établi une activité de formation en agriculture de conservation en France.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur l’agriculture de conservation ?

N. Courtois : Tout d'abord, je trouve le terme « agriculture de conservation » très évocateur, car il englobe non seulement la préservation des sols, mais également les agriculteurs et leurs revenus. Lorsqu'on me questionne au sujet de cette forme d'agriculture, j'aime mettre en avant les trois principaux piliers qui la caractérisent :

1. La réduction de la perturbation des sols : L'idée ici n'est pas de cesser totalement de travailler les sols, mais plutôt de mettre fin à la pratique excessive du retournement des couches de sol. Cette réduction de la perturbation permet de préserver la structure du sol, d'améliorer sa fertilité et de limiter l'érosion.

 2. La couverture maximale des sols : Pour préserver la qualité des sols, il est essentiel de les maintenir couverts. Cela peut se faire grâce à l'utilisation de couverts végétaux ou en adoptant des pratiques de travail du sol plus réfléchies. Une couverture adéquate protège les sols contre l'érosion, favorise la biodiversité et contribue à maintenir leur fertilité.

3. La rotation des cultures est un élément clé de l'agriculture de conservation. Elle consiste à diversifier les cultures sur une parcelle de terrain au fil des saisons. Parfois, cela peut résulter de petits ajustements, et l'utilisation mesurée de produits chimiques peut être nécessaire pour optimiser la rotation. Cette pratique permet de réduire la pression sur les sols, de prévenir les maladies et les ravageurs, tout en augmentant la productivité des terres agricoles. En somme, l'agriculture de conservation vise à établir un équilibre entre la préservation des ressources naturelles et la productivité agricole à long terme. C'est une approche prometteuse pour répondre aux défis de l'agriculture moderne tout en préservant notre environnement.

 Justement, quelle est votre vision du futur de l’agriculture ?

N. Courtois : Je tiens à souligner qu'une agriculture de qualité est celle qui produit efficacement, car plus la terre est productive, plus les sols sont en bonne santé. Bien sûr, nous pouvons évoquer l'agriculture biologique, mais il est important de noter que l'agriculture de conservation, associée à une utilisation judicieuse de produits chimiques, peut parfois être plus intéressante que le bio. L'idéal serait de combiner les avantages du bio avec les pratiques de l'agriculture de conservation, mais nous savons que cela peut représenter un idéal difficile à atteindre. Aujourd'hui, il est essentiel de maîtriser l'utilisation de la chimie agricole de manière responsable. L'agriculture de conservation représente une voie à explorer dans cette optique. Ce qui nous importe, c'est de trouver ensemble les bonnes associations entre ces différentes approches. Il s'agit d'une démarche qui peut contribuer à préserver la santé des sols tout en maximisant la productivité agricole, le tout dans un souci de durabilité »