Colza : une récolte décevante en 2019

Tour d'horizon des marchés agricoles 2019Filière du colza présentée par Mathilde Schryve : Une récolte décevante en 2019

Une faible production française et européenne

Estimée entre 3,6 et 3,8 Mt, la production française de colza sera largement inférieure à celle de l'an dernier (5 Mt) et 30 % en dessous de la moyenne quinquennale. La forte diminution des surfaces due à la sécheresse lors des semis et un rendement très moyen expliquent cette faible production. Un peu plus de 1 Mha seulement, soit 25 % de moins que la moyenne, ont été récoltés en 2019. Outre la réduction des surfaces, la pression des ravageurs au printemps a causé dans certaines parcelles de gros dégâts entraînant de grandes disparités dans les rendements.

En Allemagne, la production est descendue à son plus bas niveau depuis une vingtaine d'années consécutivement à une baisse des emblavements et un rendement également décevant : 3Mt seulement devraient être récoltés alors que la production a dépassé 6Mt en 2009 et 2014. La Pologne, troisième acteur dans l'Union Européenne, connaît-elle aussi une baisse de production. Autant dire que le déficit de production européen amènera d'importantes importations de colza ou canola.

Un fragile équilibre du marché

Le marché du colza est soumis à de multiples facteurs. Il s'est apprécié d'une quinzaine d'euros depuis début juillet et semble stabilisé depuis la mi-septembre dans un trend assez étroit aux alentours de 388 €/t pour l'échéance MATIF février 2020. Mais cet équilibre demeure précaire. Le marché est en effet partagé entre les facteurs haussiers (faible production européenne, euro faible...) et les facteurs baissiers (gros imports de canola canadien ou australien, de biodiesel argentin ou indonésien, faiblesse des cours des autres huiles en particulier celle de palme, ou de la graine de soja...). De plus, dans le contexte de tensions commerciales internationales et de crise porcine chinoise, il est bien difficile de prévoir l'impact de l'ensemble des conséquences tant les effets de reports peuvent avoir des effets opposés.

 On notera que l'huile de palme, dont le prix et les qualités intrinsèques intéressent industriels et certains consommateurs, voit sa consommation mondiale augmenter fortement. De même, sa part dans le biodiesel ne cesse de croître. L'Inde, l'Union européenne, la Chine et le Pakistan sont les principaux importateurs d'huile de palme dans le Monde (56 % des volumes importés).

La prochaine récolte est aussi un facteur de soutien du marché

Même s'il faut relativiser le poids qu'elle pèse aujourd'hui auprès des opérateurs, la prochaine récolte française ne s'annonce pas non plus sous de bons auspices. Comme l'an dernier, les conditions de sécheresse lors de semis ont provoqué des levées hétérogènes dans plusieurs régions. Et profitant d'un état végétatif faiblard, les insectes ravageurs exercent une pression encore plus forte cette année. Les techniques alternatives aux traitements phytosanitaires, basées sur le double semis avec des plantes compagnes éloignant les parasites, devraient connaître un développement plus rapide lors, des prochaines campagnes.