Glyphosate : l’Inra inventorie les alternatives et remet sa copie

L’Inra a remis son rapport sur le glyphosate aux ministères de l’Agriculture, de la Transition écologique, de la Santé et de l'Enseignement supérieur, le 1er décembre.

« Ce rapport va désormais être analysé par les services de l'Etat », expliquent les ministères de l'Agriculture, de la Transition écologique, de la Santé et de l'Enseignement supérieur, après avoir reçu le rapport de l'Inra sur les usages et les alternatives au glyphosate. Ces derniers avaient demandé à l'Institut national de la recherche agronomique de plancher sur la problématique, par une lettre de saisine, le 2 novembre dernier.

Prochain objectif des quatre ministères concernés : présenter « une feuille de route ambitieuse visant une agriculture moins dépendante aux pesticides, dont le glyphosate ». Cette feuille de route « sera finalisée en début d'année 2018 », précisent-ils dans un communiqué, à l'occasion de la clôture des états généraux de l'alimentation.

Mobiliser des alternatives « seules ou de façon combinée »

Dans ce rapport de 88 pages, l'Inra identifie plusieurs alternatives techniques au glyphosate, à mobiliser « seules ou de façon combinée ». Dans son résumé exécutif, l'institut de recherche préconise la destruction physique par le désherbage mécanique, le travail superficiel du sol ou encore le labour. Il cite également des « stratégies d'évitement partiel » comme le recours au gel hivernal des couverts intermédiaires ou l'utilisation d'agroéquipements spécifiques permettant le hachage de la végétation. La culture sous mulchs vivants est également envisagée.

L'utilisation ciblée d'autres herbicides homologués « pourra être nécessaire pendant une période de transition pour traiter les adventices vivaces qui résisteraient aux options précédentes », prévient l'Inra, qui rappelle au passage que ces herbicides peuvent avoir des profils toxicologiques et éco toxicologiques plus défavorables que le glyphosate.

« Des agriculteurs utilisent déjà ces leviers », mentionne l'Inra.  « Ils sont donc possibles et même économiquement viables », à condition que leur mise en œuvre soit bien réfléchie à l'échelle du système de culture. « Des freins majeurs» sont néanmoins identifiés par les auteurs du rapport, dont l'impact économique, le temps de travail, les évolutions du parc matériel ...

Des impasses demeurent

L'Inra confirme qu'une interdiction du glyphosate va conduire à « des situations de difficulté́ et d'impasses au regard des leviers et connaissances disponibles à ce jour ». Sont particulièrement concernés : l'agriculture de conservation (environ 4% des surfaces de grande culture) ; les agricultures menées dans des conditions difficiles sans bénéficier d'une forte valeur ajoutée (terrasses, zones très caillouteuses, zones très fragiles vis-à-vis du risque d'érosion) ; la production de semences (380 000 ha), la production de légumes cultivés en plein champ (203 560 ha en 2014) ; le rouissage du lin fibre (88 000 ha en 2016) ou encore la récolte des fruits à coques (19 000 ha en 2014).

L'Inra détaille également les « changements profonds » induits par une interdiction du glyphosate. Les auteurs du rapport citent ainsi le besoin de maîtriser les hétérogénéités à l'intérieur des parcellesde développer l'agriculture de précision et la robotisation. La gamme de couverts végétaux d'interculture mérite d'être élargie. L'Inra évoque par ailleurs une extension de la conduite sarclée et un élargissement de gamme d'outils de désherbage mécanique. Il apparaît tout autant nécessaire de chercher des modes de contrôle chimiques ou alternatifs innovants, ciblant spécifiquement certaines espèces. 

Pour en savoir plus, découvrez notre dossier : "le feuilleton du glyphosate"