[Le point des marchés] Sucre : l’Europe en route vers une troisième année de débâcle

Le virus de la jaunisse fait des dégâts sur les betteraves en France mais aussi en Europe. Pour la troisième année consécutive, la production européenne de sucre est attendue en baisse, dans un contexte où les cours mondiaux sont, eux, sous pression. Analyse avec François Thaury, spécialiste du marché du sucre chez Agritel.

« Le virus de la jaunisse se répand dans la plaine betteravière en France, mais aussi dans les autres pays ayant interdit les semences enrobées de néonicotinoïdes », précise François Thaury, consultant spécialiste du marché du sucre chez Agritel.

« Dans certains départements, 80% des cultures sont touchées, poursuit-il. Cela va provoquer des pertes de rendement qui peuvent atteindre 30 à 50% selon les estimations des experts ».

Pour François Thaury, l'avenir de la filière betteravière française est « dans les mains des pouvoirs publics qui doivent offrir des solutions aux producteurs de betteraves pour résoudre cette impasse technique ».

Toujours est-il que la production européenne de sucre va se trouver affectée pour la troisième année consécutive, « peut-être dans des proportions plus importantes que les deux années précédentes où le problème était essentiellement climatique », estime François Thaury.

« Cela va renforcer la position de l'UE en tant qu'importateur net de sucre », ajoute-t-il.

Un bilan mondial excédentaire 

Les cours mondiaux, quant à eux, sont sous pression : « Les opérateurs prennent conscience que sur la campagne 2020-2021, le bilan mondial va de nouveau être excédentaire », indique François Thaury.

Facteur principal : le Brésil a produit beaucoup plus de sucre que d'éthanol depuis le début de la campagne, le confinement ayant fortement amoindrit l'attractivité de l'éthanol. « On estime le surplus à 10 millions de tonnes de plus sur le marché mondial », précise le consultant.

L'Inde, deuxième producteur mondial, devrait également renouer avec de hauts niveaux de production. « On devrait donc se retrouver avec un bilan mondial excédentaire de 3 à 4 millions de tonnes malgré les pertes qui seront vraisemblablement enregistrées en Europe », conclut François Thaury.