Maïs fourrage : les prévisions de date de récolte et les conséquences de la verse

En juillet, les températures sont restées largement au-dessus des normales. Les cultures de maïs restent donc très en avance et les premières récoltes fourrage pourraient avoir lieu autour de la mi-août.

Observer les stades au champ pour prévoir la date de récolte

Environ un mois après la floraison femelle, une première observation au champ doit être réalisée. A l'apparition de la lentille vitreuse sur la majorité des grains, on se situe autour de 25-26 % de MS plante entière pour des maïs à bon gabarit, encore bien verts. Mais pour des maïs à gabarit moyen, avec des feuilles qui commencent à dessécher, on sera déjà autour de 28-29% MS.

A partir de ce stade, il faut en moyenne 150 degrés-jours base 6-30°C pour atteindre le stade optimal pour la récolte fourrage, 32-33% MS plante entière. Cela correspond à une durée comprise entre 15 et 25 jours, selon les conditions climatiques.

Téléchargez la grille d'observation des grains de maïs fourrage.

Les prévisions

Tableau 1 : Prévisions des dates de récoltes ensilage (dates médianes stade 32% MS), à partir de différentes dates de stade floraison femelle (pour des températures normales à partir du 31 juillet) – données Météo France

Besoins théoriques 550 à 650°C, selon précocité, pour atteindre le stade 32% de MS, en base 6 – 30°

Retour sur la météo

Les cultures ont bénéficié de bonnes conditions en début de cycle, mais le mois de juillet a été sec et les premiers signes de stress hydrique ont été observés mi-juillet autour de la floraison. L'état des cultures est aujourd'hui assez contrasté, selon la pluviométrie observée (carte 1). Dans les situations les moins bien pourvues en eau, le nombre de grains par m² est déjà affecté.

EXCÉDENT DE TEMPÉRATURE, DÉFICIT HYDRIQUE À L'EST

Depuis le 1er mai, le cumul de température est excédentaire de 160° (base 6) par rapport à la normale. 2018 figure parmi les années les plus chaudes.

Un stress hydrique pendant la phase sensible d'élaboration des grains

Les floraisons ont été précoces cette année, sur une grande partie de la région et la phase sensible du maïs au déficit hydrique s'est déroulée courant juillet, en quasi absence de pluie. Les premiers symptômes de stress ont été observés mi-juillet. L'épisode pluvieux de fin juillet, juste avant le Stade Limite d'Avortement des Grains, va contribuer à maintenir le nombre de grains par m². Mais en absence de pluie, certaines parcelles continuent à dessécher.

FIGURE 3 : exemple d'évolution du bilan hydrique pour une variété précoce, bignan (56), ru max 150 mm, semis du 24 avril (source irré-lis®, données météo- france)

Verse suite au coup de vent de ce week-end : quelles conséquences ?

L'épisode de pluie du week-end dernier a été accompagné localement d'un coup de vent relativement fort pour la saison. Une grande partie de la région a été concernée par cet épisode, à l'exception de l'est. 
Des parcelles de maïs ont versé, avec une intensité (inclinaison et surface) très variable qui s'explique par plusieurs facteurs : le gabarit des plantes, mais aussi leur stade, sans oublier la résistance variétale...
Les semis plus tardifs, avec des racines d'ancrage (coronaires) moins développées, sont particulièrement exposés, d'autant que le gabarit de plantes est important.

Les conséquences seront variables selon le stade des maïs. Avant la floraison, en phase de croissance et d'élongation des entre-nœuds, le maïs reprend en quelques jours, une croissance verticale pour retrouver une interception optimale du rayonnement. A la floraison ou après ce stade, les plantes auront plus de difficultés à retrouver un port vertical, voire resteront couchées.
La verse perturbe l'interception du rayonnement et donc l'efficacité de la photosynthèse. Sur des plantes inclinées à moins de 45° par rapport au sol, les pertes attendues seront assez faibles. Sur des plantes plus inclinées, voire couchées, la perte de rendement sera plus importante. L'accès à la lumière devient fortement limitant et il peut y avoir un défaut d'alimentation lié à la casse racinaire.
Dans tous les cas de figures, la récolte en fourrage ou en grain sera plus compliquée...

Michel MOQUET - Eric MASSON - Elodie QUEMENER (ARVALIS - Institut du végétal)