Grippe aviaire : la France repasse partiellement en risque "modéré", l’expérimentation vaccinale démarre

A l’exception de 19 départements situés dans le Grand Ouest et dans le Sud-Ouest, ainsi que dans les Zones à risques particulier, le passage de risque « élevé » d’influenza aviaire à « modéré » signe la fin du confinement des volailles. L’essai de candidats vaccins démarre dans deux élevages de palmipèdes tandis que se poursuivent les discussions à Bruxelles sur un hypothétique déploiement.

Ce mardi 10 mai marque la fin du confinement pour des millions de volailles. Pour mémoire, toutes les volailles de France et de Navarre étaient confinées depuis le 5 novembre dernier, date à laquelle le niveau de risque d’Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) était passé de « modéré » à « élevé ». Mais 19 départements (*) devront encore attendre, notamment ceux situés autour de la Vendée et de la Dordogne, où « la situation est encore évolutive avec globalement une suspicion quotidienne », selon le ministère de l’Agriculture. Le confinement reste également la règle sur l’ensemble du territoire dans les Zones à risque particulier (ZRP), soit 5319 communes correspondant à des zones humides ou des couloirs de migrations de l’avifaune, pour lesquelles le risque « modéré » reste synonyme de mise à l’abri.

Cartographie des niveaux de risques d’influenza aviaire en date du 10 mai (Source : ministère de l’Agriculture)
Cartographie des niveaux de risques d’influenza aviaire en date du 10 mai (Source : ministère de l’Agriculture)

Remises en place et indemnisations

Outre la fin du confinement dans les conditions précitées, l’abaissement du niveau de risque marque le début de la remise en place des canetons et des poussins. Elle a déjà démarré dans le Sud-Ouest et est envisagée début juin dans le Grand Ouest, au cas par cas, « en fonction des risques épidémiologiques », indique le ministère pour qui « le pic de l’épidémie est derrière nous ».

Cette épidémie de grippe aviaire, la quatrième en six ans, est la plus sévère de toutes comme en témoigne les 1374 foyers recensés (contre moins de 500 l’an passé) et les 16 millions de volailles abattues, dont 11 millions dans le Grand Ouest (3,5 millions l’an passé).

L’Etat a d’ores-et-déjà indemnisé 800 éleveurs pour les pertes sanitaires liées à l’euthanasie des animaux pour un montant de 32 millions d’euros. FranceAgriMer a par ailleurs ouvert un premier dispositif pour indemniser les pertes économiques, à commencer par celles subies par les éleveurs du Sud-Ouest touchés par le premier pic épidémique. L’an passé, le montant total des indemnisations s’était élevé à 123 millions d’euros.

"Collectivement, il va falloir tirer les conséquences de cette nouvelle crise très rapidement et trouver des leviers à activer "

Si les causes de cette flambée inédite restent encore à documenter plus finement, le ministère évoque un « virus particulièrement virulent » ainsi que des contaminations par « des migrations ascendantes », une première. « Collectivement, il va falloir tirer les conséquences de cette nouvelle crise très rapidement et trouver des leviers à activer », précise le ministère. « On a vu que l’on pourrait encore s’améliorer sur la biosécurité, on a des sujets de transport qu’il va falloir traiter ». Le ministère a également évoqué « l’organisation de la production » ou encore « la façon d’être plus réactif dans certains types d’élevage par rapport à des signaux, des baisses de production. Les professionnels sont déjà à la tache dans plusieurs départements avec les interprofessions ». Des retours de l’Anses, de l’école vétérinaire de Toulouse ainsi que de la Commission européenne, qui a envoyé des émissaires sur le terrain, sont attendus.

Démarrage de l’expérimentation vaccinale

L’abaissement du niveau du risque ce 10 mai coïncide avec le début de l’expérimentation de la piste vaccinale. Elle va concerner dans un premier temps deux élevages de canards avant de s’étendre à une dizaine. Les résultats ne seront pas connus avant six mois. L’expérimentation est co-construite et co-financée par toutes les parties prenantes (Etat, Régions, Anses, Cifog, laboratoires Ceva et Boehringer-Ingelheim), à hauteur de 2,3 millions d’euros. « C’est le début de la mise en œuvre opérationnelle d’un travail collaboratif et collectif pour voir si demain on pourra mettre en place ou pas ces vaccins », indique le ministère. « Le cas échéant, quand les discussions auront avancé avec nos partenaires européens et les négociations avec les partenaires commerciaux, nous verrons si l’on déploie ce type d’outil complémentaire aux mesures de biosécurité, de lutte et de surveillance sur notre territoire ».

La vaccination rebute certains pays acheteurs internationaux qui craignent qu’elle ne masque des porteurs sains. La France porte le dossier au niveau européen dans le cadre de la présidence du Conseil de l’UE. Moyennant la levée de tous ces verrous, la piste vaccinale ne serait pas mise en œuvre avant 2023.

(*) 15,19, 24, 32, 35, 40, 44, 46, 47, 49, 53, 56, 64, 65, 72, 79, 85, 86, 87