L’agroécologie, une solution contre les zoonoses aussi

Avérés pour certaines souches de grippe aviaire et suspectée pour la Covid-19, les risques de transmission de maladies entre les animaux et les humains seraient moindres en cas d’application des principes de l’agroécologie, selon une étude du Cirad.

Aspergilloses, brucelloses, chorioméningite, cowpox, encéphalopathie spongiforme bovine, gales animales, listériose, maladie de Lyme, rage salmonellose, teigne, toxoplasmose, tuberculose etc. : la liste des zoonoses, les maladies transmissibles entre les animaux et les humains, est longue. La Covid-19 rejoindra peut-être ses rangs, l’Organisation mondiale de la santé n’ayant pas acquis, à ce stade des connaissances, de certitudes quant à l’origine de la maladie, même si l’hypothèse la plus probable est la transmission depuis un premier animal, puis un deuxième, avant une contamination à l’homme.

L’influenza aviaire est aussi une zoonose. Selon l’OMS, le sous-type H5N1, hautement pathogène, est à l’origine de quelques centaines de morts à travers le monde depuis le début des années 2000. Les H7N3, H7N7 et H9N2 sont aussi à l’origine d’infections humaines. Il y a quelques jours, la Russie a annoncé avoir détecté les premiers cas de transmission à l’être humain de la souche H5N8, affectant sept personnes dans une usines de volailles. Sur la base d’analyses de l’Anses, le ministère de l’Agriculture a écarté à ce stade un tel risque, s’agissant de l’épizootie d’influenza aviaire sévissant depuis décembre dans le Sud-ouest.

L’agroécologie au secours

Selon une étude du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), la mise œuvre de pratiques agroécologiques, avant tout destinées à préserver les ressources et le milieu et à renforcer la résilience de l’agriculture vis-à-vis des aléas, pourrait avoir des co-bénéfices sur la réduction des risques d’émergence de zoonoses virales.

Publiée dans Science of the Total Environment, l’étude repose sur l’analyse de 300 articles scientifiques établissant les impacts avérés ou potentiels de différentes techniques de protection des cultures sur l’émergence de zoonoses virales. « Appliquer les principes de l’agroécologie à la défense des cultures diminue les risques de zoonoses virales, affirme Alain Ratnadass, entomologiste au Cirad et premier auteur de l’article. Notre travail met également au jour que la protection agroécologique des cultures a des impacts positifs à la fois sur la biodiversité, la résilience aux changements climatiques et le bien-être animal ».

Si ce premier travail se concentre sur les zoonoses virales, les scientifiques émettent l’hypothèse que des conclusions similaires pourraient être établies pour les maladies infectieuses bactériennes et parasitaires.