L’étiquetage de l’origine généralisé à toutes les viandes servies dans les cantines et restaurants

Obligatoire depuis 2002 pour la viande bovine servie en restauration collective et commerciale, l’étiquetage de l’origine est étendu aux viandes de porcs, volailles et ovins. Un appel d’air potentiel pour nos « viandes d’excellence », selon le ministre de l’Agriculture.

« Elevé en France » et « abattu en France » : telles sont les deux mentions qui devront désormais s’afficher dans les établissements de restauration collective et commerciale... pour peu que la viande en question provienne de France bien entendu. A compter du 1er mars, en vertu d’un décret paru au journal officiel ce 27 janvier, l’origine ou la provenance de la viande, pour toutes les espèces, à l'exclusion des caprins, devra être mentionné dans tous les restaurants collectifs des services publics et des entreprises privées et de ceux de la restauration commerciale.

Autant dire que l’impact est vaste, même si l’obligation s'applique aux viandes achetées crues et non aux viandes achetées déjà préparées ou cuisinées. Tous les champs de consommation sont donc couverts puisque cette obligation incombait déjà aux circuits de commercialisation.

L’espoir d’une reconquête du marché

L’étiquetage des origines étant une compétence européenne, le ministère de l’Agriculture a longuement ferraillé à Bruxelles pour obtenir gain de cause. La publication du décret était attendue depuis juin 2020, l’étiquetage de l’origine de toutes les viandes ayant été formalisé dans la loi relative à la transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires.

Avec ce décret, le ministère de l’Agriculture envoie ainsi un double message, à la fois aux gestionnaires de restaurants et aux consommateurs, les seconds ayant le pouvoir d’influer les choix des premiers.

La mention de l’origine française, ou à l’inverse étrangère, devrait aider les filières d’élevage hexagonales à reconquérir des parts de marché en restauration hors domicile (RHD). Selon le ministère de l’Agriculture, 50% des viandes consommées dans les cantines sont importées, un taux qui s’élève à 60% pour la volaille. L’enjeu économique et nutritionnel de la RHD est des plus conséquents. Selon une étude de FranceAgriMer publié en 2018, les dépenses en RHD représentent plus de 25% du budget consacré à l’alimentation et sont en augmentation constante, sous l’effet de l’évolution de nos mode de vie, de la croissance de la restauration rapide et de l’essor de la livraison notamment. Près de 14% des repas principaux consommés par les Français se font hors du domicile, le secteur générant un chiffre d’affaires de 76,2 milliards d’euros avec un ratio de 72/28 entre restauration commerciale/collective.

"Le premier de mes combats, c’est la cantine de nos enfants"

Avec l’étiquetage de l’origine des viandes, le ministère de l’Agriculture marque une nouvelle pierre dans la reconquête à la fois économique et nutritionnelle de notre alimentation. La dernière en date remonte au 1er janvier dernier, avec l’instauration de ratios des produits sous signes de qualité dans la restauration collective, avant son extension aux restaurants d’entreprise en 2024. « Le premier de mes combats, c’est la cantine de nos enfants. Moi ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant la question du menu que la question de la qualité. La qualité, la qualité, la qualité », déclarait Julien Denormandie devant la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, à l’occasion de la présentation du bilan agricole du quinquennat le 18 janvier dernier. Si on veut embarquer et récréer ce pacte entre la société et le monde agricole, il faut avoir l’approche nutritionnelle. Le drame de notre société, c’est que l’alimentation a perdu de sa valeur, sa valeur nutritionnelle, environnementale et économique. On oublie tous de dire, comme Hippocrate, que le premier des médicaments, c’est l’alimentation mais qui considère aujourd’hui l’agriculteur comme le deuxième médecin sur le territoire ? »

A cette occasion, Julien Denormandie a exprimé un regret : celui de ne pas avoir rebaptisé son ministère le « ministère de la nutrition du peuple de France permis par une alimentation de qualité elle-même permise par l’agriculture d’excellence française ».