L’expérimentation de la vidéosurveillance en abattoir jugée concluante

Selon le Comité de suivi et d’évaluation de l’expérimentation du dispositif de contrôle par vidéo des postes de saignée et de mise à mort des animaux, les cinq établissements tests souhaitent conserver leur équipement. Parmi les intérêts figurent la détection de dysfonctionnements permettant la mise en place d’actions correctives et préventives.

« Si la mise en place de caméras vidéo se banalisait et se généralisait, elle rentrerait sans doute dans la normalité en en faisant un des outils pertinents, à la disposition des professionnels, qui peut permettre de surveiller efficacement les animaux vivants jusqu’à leur mise à mort et particulièrement pour contrôler l’absence de signes de conscience ». Telle est la conclusion d’un rapport du Conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux (CGAAER) qui assurait la présidence du Comité de suivi et d’évaluation de l’expérimentation du dispositif de contrôle par vidéo dans les abattoirs. « Le principe de focaliser les images sur l’animal ne pourra que faciliter son installation, son acceptation et son usage », précise le rapport. Le dispositif de contrôle par vidéo est donc un outil de progrès qui permet de réduire les non-conformités éventuelles dans les procédures de maîtrise de la protection animale en abattoirs. À ce titre, il répond aux objectifs de l’article 71 de la loi du 18 octobre 2018, comme il répond au cahier des charges des grands comptes en matière de protection animale ».

5 candidats seulement sur 870 abattoirs

L’expérimentation de la vidéosurveillance était l’une des dispositions de la loi Egalim d’octobre 2018, au même titre que l’expérimentation de l’abattage mobile. Elle reposait sur le volontariat des abattoirs. Le poids des contraintes (atteinte à la liberté d’entreprendre, absence de tout dispositif d’encouragement financier ou autre, délais contraint) était tel que cinq établissements seulement ont accepté de participer à l’expérimentation, dont deux abattoirs de boucherie (sur 270) et trois abattoirs de volailles (sur 600). Pour autant, selon eelon l’association Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoir (OABA), une cinquantaine d’établissements serait aujourd’hui équipée d’un tel dispositif.

Si le critère de représentativité n’était pas satisfait dans l’expérimentation, le Comité de suivi a considéré que la volonté des établissements de s’inscrire dans des processus innovants et dans des démarches exemplaires pour la filière méritait un retour d’expérience. Autre limite pointée par le rapport : l’impossibilité d’objectiver le degré de protection animale lors de la mise à mort sur des bases scientifiques, qui auraient nécessité des moyens de mesure de l’impact hors de portée du dispositif mis en œuvre.

Les intérêts déclarés par les établissements participants

Parmi les intérêts déclarés par les abattoirs participants figurent la détection de dysfonctionnements permettant la mise en place d’actions correctives et préventives, l’aide à la construction de la formation interne et à la caractérisation des bons gestes, le gain de temps, d’efficacité et de pertinence des contrôles internes, la réponse aux exigences des clients (grande distribution, chaines de restauration rapide), la détection de comportements inadaptés ou encore la possibilité de montrer les coupures ou les montages effectués en cas de diffusion d’images piratées. En outre, l’intérêt de la vidéosurveillance a aussi été pointé dans les espaces de stabulation, pour vérifier les conditions de déchargement et d’attente des animaux.

Au chapitre des inconvénients figurent le coût et le manque de transparence, les opérateurs filmés se montrant inquiets du devenir et à l’exploitation des images produites. Le rapport préconise ainsi la mise en place d’un accompagnement au changement, notamment pendant la première année. « Il serait judicieux de reconsidérer l’usage de la vidéo en abattoir, non comme un «outil de reportage» avec des caméras grand-angle, mais comme un outil réel de contrôle avec des images axées sur l’animal. C’est en effet l’animal doit être surveillé si l’on veut se soucier de sa protection », préconise-t-il encore. « Même si le nombre d’abattoirs enquêté est faible, il ressort de l’expérimentation que si les exploitants reconnaissent qu’ils ont pu être prudents, voire à un moment donné réticents pour installer un dispositif de contrôle par vidéo, ils sont unanimement satisfaits du dispositif qu’ils trouvent utile et pratique. Personne ne souhaite le supprimer ».