La betterave fourragère, une arme anti-sécheresse

Les essais conduits par l’ITB et l’ADBFM font état d’une perte de rendement en matière sèche de 8% quand, dans le même temps, le maïs fourrage décrochait de plus de 26% en 2022, année de tous les records de chaleur et de sécheresse.

Un rendement moyen de 10,5t/ha pour le maïs fourrage contre 16,6t/ha de matière sèche pour la betterave fourragère conduite en sec : tels sont les deux chiffres que l’on peut mettre dans la balance, à l’issue d’une année, 2022, marquée par des records de chaleur et de sécheresse historique, et à la veille d'une saison climatique de tous les dangers, avec un record de 31 jours sans pluie cet hiver.

Le premier chiffre (10,5t/ha)  émane d’Agreste, la statistique agricole, qui fait état d’un recul de 26,2% de rendement moyen national de maïs fourrage en 2022, comparativement à 2021. Le second chiffre (16,6t/ha) correspond aux essais variétaux menés par l’Institut technique de la betterave (ITB), en partenariat avec l’interprofession des semences (SEMAE) et l’Association pour le développement de la betterave fourragère monogerme (ADBFM).

En 2022, les quatre essais (Eure, Ille et Vilaine, Seine-Maritime et Nord), avec un protocole commun comportant les mêmes 24 variétés et un dispositif à 4 répétitions, ont abouti à un rendement moyen de 97 t/ha de racines, avec un taux moyen de matière sèche de 17,1% (contre 16,9% en 2021), soit un rendement en matière sèche de 16,6t/ha. C’est 8% « seulement » de moins qu’en 2021, ce qui fait dire aux promoteurs de la betterave fourragère que l’espèce est, pour les éleveurs, « une solution de résilience face au changement climatique ».

Activation des semences

Des résultats d’essais ne peuvent n’ont évidemment pas tout à fait la même portée que des rendements enregistrés chez des éleveurs sur des surfaces conséquentes, en l’occurrence près de 1,3 million d’ha pour le maïs fourrage, la sole implantée en 2022. Qui plus est, les essais variétaux de la betterave fourragère ont été menés pour la première fois en 2022 avec 100% de semences activées, contre un taux de 82% pour les semences mises sur le marché la même année. Généralisée en betteraves sucrières, l’activation des semences permet d’accroître la vitesse de germination et d’obtenir une meilleure homogénéité de la levée. Elle peut être mise à profit pour semer plus tôt et viser un rendement supérieur. Elle permet aussi de réduire les attaques de ravageurs et de faciliter le désherbage. Malgré ces réserves, la betterave fourragère n’en demeure pas moins un moyen de lisser et de sécuriser son affouragement.