La biomasse, nœud gordien de la transition écologique

Maillon essentiel de la décarbonation, la biomasse n’est pas une ressource illimitée et se trouve à la croisée de multiples enjeux. Le gouvernement crée un Groupement d’intérêt scientifique (GIS) destiné à piloter une mobilisation et un partage durables de la ressource.

Bois et co-produits du bois, déchets agroalimentaires, biodéchets, effluents d’élevage, couverts et cultures intermédiaires, cultures dédiées à la production d’éthanol ou de biodiésel : la biomasse recouvre une large palette de produits, qui sont autant de matières premières renouvelables pour produire de la chaleur, des biocarburants, des biomatériaux et ainsi se substituer aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) et à la pétrochimie, en visant la neutralité carbone à horizon 2050.

Problème : la biomasse est un or vert sous tension car la ressource n’est pas illimitée et se trouve à la croisée de multiples enjeux que sont la sécurité alimentaire, le besoin de retours au sol pour garantir le stock de carbone et préserver la fertilité, le maintien du puits forestier, la préservation de la biodiversité, le tout sur fond de changement climatique impactant les rendements agricoles ou forestiers.

Un GIS pour piloter l’approvisionnement et les usages

En novembre dernier, à l’occasion de la présentation de la Stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC), qui préfigure la prochaine mouture de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), le gouvernement faisait état, à propos de la biomasse, d’un « point d’attention » dès 2025 et d’un besoin nettement supérieur à la demande à l’horizon 2040, évoquant « un bouclage délicat » et une modélisation « en cours de finalisation ».

C’est ce à quoi va s’employer le Groupement d’intérêt scientifique (GIS) dédié à la biomasse, et dont le gouvernement a annoncé la création pendant le Salon de l’agriculture. Selon Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie, « la biomasse sera une des ressources clé de notre transition écologique : à la fois puits de carbone, matériau, source d’énergie et de chaleur, c’est le « mot compte triple » de la décarbonation. Mais c’est une ressource rare et encore trop méconnue. Pour l’exploiter de manière efficace et durable, nous devons la répertorier, la cartographier, la connaître. C’est l’objet de ce GIS biomasse qui rassemblera toutes les sources d’expertise publique autour d’un projet commun : assurer à la France un approvisionnement durable en biomasse ».