La BVD en Creuse, une maladie bien implantée. Bilan – Perspectives

Eradication de la BVD è L’arrêté ministériel du 31/07/2019 « fixant des mesures de surveillance et de lutte contre la maladie des muqueuses (BVD) » oblige à la surveillance de tous les troupeaux et à la généralisation de l’assainissement des élevages identifiés comme infectés. Après 3 ans de dépiage sérologique généralisé, la Creuse passe en dépistage virologique de l’ensemble des veaux à la naissance.

Face à l’impact de la BVD en élevage, l’évolution du contexte européen et dans l’attente de l’arrêté ministériel, GDS Creuse avait mis en place depuis 2017 un plan d’action.

 

 

Une maîtrise des introductions…

Depuis 2006, le dépistage virologique de la BVD est réalisé sur tout prélèvement d’introduction, avec une prise en charge à 100 % des frais d’analyse (50 % GDS Creuse, 50 % aide Conseil Départemental). Pour renforcer le dispositif, le conseil d’administration de GDS Creuse du 04/07/2017 a demandé la connaissance systématique du statut BVD de tout bovin introduit pour l’élevage (attestation « bovin non-IPI », résultat négatif avant la vente ou, à défaut, prise de sang dès que possible après l’introduction). Sur la campagne 2019-2020, cela a permis d’identifier 23 bovins porteurs du virus de la BVD.

 

… avec des mesures de biosécurité pour son exploitation, NOTAMMENT L’ISOLEMENT DE TOUT BOVIN INTRODUIT

Pour se prémunir des infections transitoires, tout animal introduit (achat, pension, retour de concours, de marché…) est à isoler pendant au moins 15 jours. Cette mesure sanitaire permet d’éviter la contamination du cheptel. Lors de l’introduction d’une vache gestante, le veau issu de cette vache peut être IPI si la mère a été contaminée entre le 1er et le 4ème mois de gestation. Sur 2019-2020, plus de 1.500 veaux ont été identifiés avec cette information fournie à chaque introducteur. Seuls 124 veaux ont été testés avec un risque important de contamination pour les cheptels n’ayant pas fait ce contrôle.

Une campagne de dépistage sérologique avec des résultats contrastés

Depuis la campagne 2017-2018, la BVD a été recherchée par sérologie de mélange (bovins de 24 à 48 mois prélevés en sang ou lait de tank). Lors de mélange positif, le détenteur et le vétérinaire ont été contactés pour analyser la situation. En 2019-2020, sur 2.470 élevages, 1.188 (48 %) ont eu des résultats négatifs. Ces élevages n’ont donc pas été confrontés à la BVD au cours des 4 dernières années. Pour les 957 cheptels avec résultats positifs (39 %), 348 cheptels ont été classés comme vaccinant BVD suite aux déclarations des éleveurs, 443 ont eu des résultats fortement positifs dus à une circulation virale récente et 166 faiblement positifs du fait d’une circulation virale plus ancienne ou débutante. 325 cheptels (13 %) n’ont pas pu être dépistés en sérologie du fait d’absence d’animaux représentatifs de la situation (que des animaux achetés, pas de 24-48 mois). La situation est très variable suivant les cantons et ces 3 années de suivi à l’échelle du département confirment que le voisinage reste la principale source de contamination.

 

Un plan d’assainissement proposé à tous les élevages en circulation virale

L’assainissement passe par la détection (prélèvement sanguin ou de cartilage auriculaire), l’isolement et l’élimination des IPI, porteurs permanents du virus. Tous les élevages avec des résultats positifs à la prophylaxie sans historique de vaccination ont été invités à commander des boucles 2 en 1 (boucles préleveuses de cartilage auriculaire) auprès de l’EDE. 403 cheptels ont mis en place ce dépistage pour 36.000 boucles analysées. Cela a permis de mettre en évidence 72 animaux porteurs du virus. Cependant, tous les éleveurs contactés n’ont pas souhaité poursuivre les investigations, avec le risque de laisser dans les cheptels des IPI potentiellement contagieux pour le voisinage.

 

Depuis le 1er octobre 2020, tous les veaux sont dépistés à la naissance

L’arrêté ministériel BVD du 31/07/2019 a rendu obligatoire le dépistage dans tous les élevages avec l’assainissement des troupeaux identifiés comme infectés de BVD. Les années de surveillance sérologique ont montré une circulation active du virus en Creuse et la difficulté d’aller vers l’assainissement avec ce dispositif. Ces considérations ont conduit le conseil d’administration de GDS Creuse à faire évoluer le dépistage vers un bouclage généralisé des veaux à la naissance.

 

Une forte mobilisation technique et financière de GDS Creuse

Conforme à sa valeur de mutualisme, le conseil d’administration de GDS Creuse a décidé la prise en charge à 100 % des coûts analytiques BVD : sérologies et virologies de mélanges, sur sang ou cartilage. Seul le surcoût lié au prélèvement (boucle ou prise de sang) reste à la charge des éleveurs. Le Conseil Départemental a répondu à notre sollicitation avec un tarif très compétitif d’analyse du cartilage au LDA d’Ajain et une aide directe d’un euro par veau testé. Une demande a également été faite auprès du Conseil Régional qui n’a pas donné suite pour cette campagne. De plus, l’aide de 150 € versée pour tout IPI abattu ou euthanasié a été réévaluée à compter du 01/08/2020 à 300 € (sauf les mâles laitiers race pure) si l’animal est éliminé dans les 15 jours.

 

Des exigences pour les mouvements à venir

Un Arrêté Ministériel modifié, intégrant les mouvements, devrait être promulgué prochainement. La seule destination possible d’un IPI reste l’abattoir ou l’équarrissage après euthanasie et le statut de chaque veau sera prochainement indiqué sur l’ASDA. Ne pourront être introduits en cheptel ASDA verte que des animaux avec statut « bovin non-IPI » ou avec une prise de sang d’introduction négative dans les 30 jours. La réussite de l’assainissement repose sur une adhésion collective et le respect des mesures sanitaires. Pour plus de renseignements, consultez notre dossier BVD sur notre site, « onglet boîte à outils – bovins », n’hésitez pas à en discuter avec votre vétérinaire ou à nous contacter.

Dr Boris BOUBET – GDS Creuse - www.gdscreuse.fr

 

De nombreuses études ont permis d’estimer l’impact économique de la BVD dans les élevages, suite aux pathologies engendrées (reproduction, pathologies néonatales, pathologies respiratoires…). Le coût varie en fonction de l’impact sur le cheptel, allant de 42 euros par vache et par an dans un élevage peu touché à 74 euros par vache et par an en cas de pertes importantes. En élevage laitier, la fourchette varie de 10 à 19 € par 1000 litres de lait produit dans les élevages contaminés. A l’échelle de la France, le coût global est estimé à 30 millions d’euros par an et à 160 euros par élevage en moyenne (en extrapolant, cela fait environ 400.000 euros pour la ferme Creuse).

L’éradication de la BVD va également avoir un coût important, mais le retour sur investissement est estimé à moins de 10 ans, comme le démontrent les résultats suisses.

Au niveau de la Creuse, l’objectif est de proposer une solution techniquement efficace afin de réduire la durée de l’assainissement tout en limitant le reste à charge éleveur.