La crise sanitaire grossit l’appétit pour les produits bio

Selon le 18ème baromètre de consommation et de perception des produits bio de l’Agence bio, la crise sanitaire a dopé les produits bio, qui rallient de nouveaux consommateurs, notamment parmi les jeunes et les catégories socioprofessionnelles modestes. Les produits bio profitent par ricochet de l’engouement pour les produits locaux, un agriculteur bio sur deux pratiquant la vente directe. La grande distribution marque le pas. Des comportements qui pourraient perdurer.

Pour la 18ème année, l’Agence bio vient de publier son baromètre de consommation et de perception des produits bio. L’étude Spirit Insight a été réalisée du 13 novembre au 1er décembre 2020, soit un démarrage deux semaines après le début du deuxième confinement en France, auprès d’un échantillon représentatif de 2100 Français âgés de 18 ans et plus. En attendant les données réelles de production et de consommation de la filière bio, attendues pour le début de l’été, le baromètre donne à voir quelques tendances.

De nouveaux consommateurs aux nouveaux profils

Dans un contexte sanitaire complexe, l’envie de produits bio se confirme, comme en témoigne le recrutement de nouveaux consommateurs, à hauteur de 15%. Parmi ce nouveau public, les jeunes de moins de 25 ans sont sur-représentés (21%), de même les catégories socioprofessionnelles modestes (CSP Moins) dont 20% consomment des produits biologiques depuis moins d’un an. Les 50-64 ans semblent également rentrer doucement sur ce marché puisque 17% déclarent être consommateurs depuis moins d’un an.

Davantage de Français aux fourneaux

Le fait de cuisiner davantage enregistre une progression de 8 points (55% en 2020 contre 47% en 2019) et concerne tout particulièrement la cible des moins de 35 ans. Le "cuisiner maison" fédère désormais plus de la moitié des français, au même titre que la prédilection pour les produits locaux et les circuits courts (59%), les produits de saison (57%) et les produit frais (57%), ainsi que la lutte contre le gaspillage (56%).

Les produits locaux et les circuits courts plébiscités

La crise sanitaire a engendré une montée en puissance du « locavore ». Lorsque l’on interroge les Français sur les trois grands engagements qui font évoluer leurs consommations alimentaires, arrivent en tête les circuits courts (59% de la population et 61% de consommateurs bio), les produits frais (57% de la population et 59% de consommateurs bio) et les produits de saison (57% de la population et 59% de consommateurs bio).

Une baisse de la fréquentation des GMS...

Même si la grande surface reste le principal canal d’achat, tous produits confondus, les grandes et moyennes surfaces (GMS) ont enregistré une baisse de fréquentation (74 % contre 77% en 2019). Les GMS ont été délaissées volontairement par les consommateurs bio au profit des producteurs locaux (26% contre 20% en 2019), probablement un peu par crainte de contagion et aussi par conviction, notamment chez les cibles les plus âgées.

... mais pas des drives

Le drive de la grande distribution sort son « épingle du jeu », avant et pendant le confinement (26% au moins une fois par mois contre 21% en 2019). L’impact sur les plateformes locales regroupant les producteurs (28%) n’a pu être comparée à 2019 car cet item vient d’intégrer le baromètre, au même titre que les Amap (12%).

Des consommateurs bio fidèles aux circuits courts en sortie de confinement

A la sortie du premier confinement en mai, les consommateurs bio sont encore 1 sur 10 à déclarer avoir de nouveaux lieux d’achat et 1 consommateur sur 10 n’est pas retourné acheter des produits bio en GMS. Parmi l’ensemble des consommateurs bio, les séniors sont les plus nombreux à poursuivre leurs achats chez les producteurs locaux et au marché. Ces indicateurs laissent présager que ces comportements d’achat vont perdurer.

Le prix est de moins en moins un frein

Pour l’ensemble des Français consommateurs ou non, le prix reste un frein à consommer plus de produits bio (tout particulièrement pour les moins de 25 ans). Cependant, ce critère enregistre un recul significatif de 5 points pour les consommateurs plus occasionnels et de 12 points pour les non-consommateurs par rapport à 2019.

Le bio concurrencé par le local

Pour les consommateurs quotidiens, l’attrait des produits locaux non bio vient expliquer, en partie, la raison pour laquelle ils ne consomment pas plus de produits bio. Ce résultat s’observe surtout chez les consommateurs ayant une grande ancienneté (5 ans et plus) et chez les 65 ans et plus. Le retour à la consommation locale semble réassurer cette génération dans un contexte sanitaire particulièrement anxiogène. Pendant les périodes de confinement, la proximité géographique et la garantie de l’origine des produits ont largement contribué à privilégier le local, qu’il soit finalement bio ou non, tout en permettant d’apporter son soutien aux producteurs et de consommer plus responsable.

9 français sur 10 consomment des produits bio

Au final, la consommation des produits alimentaires biologiques est inscrite dans le quotidien de très nombreux Français. Plus de 9 Français sur 10 déclarent consommer un produit alimentaire bio ne serait-ce que rarement. 73% des Français ont consommé des produits alimentaires biologiques au moins une fois par mois dont 13% qui en consomment tous les jours. 34% en consomment au moins une fois par semaine. Le taux de non-consommateurs absolus, réfractaires aux produits biologiques est stable depuis 3 ans (10% contre 11% en 2019).