La guerre en Ukraine : quels possibles impacts sur les filières ruminants ?

Le conflit va fortement ralentir les échanges de produits laitiers avec la zone « Mer Noire », notamment avec l’UE-27. En particulier, un arrêt quasi-total des exportations de produits laitiers des grands pays exportateurs vers la Russie est probable, compte tenu des rétorsions économiques et financières décidées par les principaux pays occidentaux. Toutefois les flux en jeu étaient déjà relativement modestes, surtout après l’embargo de 2014 suivant l’annexion de la Crimée par la Russie : en 2021, l’Ukraine et la Russie représentaient respectivement 1,5% et 1,1% des exportations totales de produits laitiers de l’UE-27. Il n’en reste pas moins que la guerre affecte dès à présent l’activité des trois principaux groupes laitiers français (Danone, Lactalis et Savencia) implantés dans les deux pays. Côté viande bovine, les importations russes et ukrainiennes de viande bovine étaient déjà à l’étiage avant le début du conflit, notamment depuis l’UE-27. Côté européen, les principaux risques concernent plutôt les exportations de génétique (animaux vivants pour la reproduction et semences) et certains coproduits comme les abats frais et congelés et les cuirs dont les flux vers l’Ukraine n’ont cessé de progresser au cours de la dernière décennie. Les exportations de bovins reproducteurs vers la Russie représentaient 20% des volumes expédiés par l’UE-27 entre 2018 et 2020. Pour les abats comme pour les cuirs, les parts de marché de l’Ukraine représentaient 5% de la valeur des expéditions totales de l’UE-27 sur la même période. Autant les perturbations directes du commerce de produits animaux de l’Union Européenne resteront modestes, autant les principaux impacts sont indirects, liés à la flambée des marchés des grains, des engrais et de l’énergie qui sont et resteront majeur pour l’année qui vient, non seulement pour les filières ruminants, mais aussi pour la sécurité alimentaire globale dans les pays importateurs nets.

Le commerce extérieur de produits laitiers de l’Ukraine et de la Russie en retrait

Ukraine : déclin des échanges extérieurs

Exportateur de produits laitiers, l’Ukraine commerçait principalement avec la Russie jusqu’à l’annexion de la Crimée en 2014. Depuis lors, les échanges commerciaux entre les deux pays se sont effondrés. Parallèlement les exportateurs ukrainiens ont diversifié leurs débouchés en premier lieu vers les autres pays membres de l’ex- CEI (Kazakhstan, Moldavie, Géorgie, Azerbaïdjan…) et en second lieu vers l’UE. Cependant, le déclin de la production laitière ukrainienne a progressivement entrainé le déclin des exportations et la progression des importations, principalement de fromages et de produits frais en provenance de l’UE.

Lire aussi ⇒ Les productions bovines ukrainiennes pourraient-elles profiter de l’accord avec l’UE ? Dossier Economie de l'Elevage n°493, Novembre 2018


Des échanges extérieurs peu développés

Les échanges extérieurs en produits laitiers sont limités et s’accompagnent d’une dégradation du solde commercial, devenu négatif en 2020 (-99 millions €), première année depuis l’indépendance de l’Ukraine en 1991, sous l’effet d’une chute des exportations, divisées par deux en dix ans à 227 millions € en 2020 et d’une progression des importations, essentiellement en provenance de l’UE.

Des exportations décroissantes avec le déclin de la production laitière

Les transformateurs ukrainiens exportent essentiellement des commodités laitières dont les principaux débouchés sont les pays membres de l’ex CEI.

Malgré la fermeture du marché russe et la baisse des disponibilités, les fabricants ukrainiens exportent encore vers une cinquantaine de destinations, pour 227 millions d’euros en 2020. Les principaux débouchés sont le Kazakhstan (36 millions €), devant l’UE-27 (32 millions €), la Moldavie (31 millions €), la Géorgie (20 millions €) et les autres pays de la CEI.

Lire la suite de la note conjoncture Ukraine Idele n°2 – le 11 mars 2022