La HVE sur les traces de l’AB (en surfaces)

Avec 9,3% des exploitations certifiées au 1er janvier 2023, couvrant 8% de la SAU, la Haute valeur environnementale se rapproche des seuils de l’agriculture biologique. La part de la viticulture se tasse au profit de l’élevage.

Au 1er janvier 2023, les exploitations certifiées HVE représentaient environ 9,3 % des exploitations agricoles françaises et couvraient au moins 2,15 millions d’hectares, soit environ 8,0 % de la surface agricole utile (SAU). Sur un an, le nombre d’exploitations certifiées a bondi de 21,1% (elles sont 36.225) et la SAU de 82,2%. Plus de deux exploitations sur trois (68,2%) privilégient l’approche collective. La certification HVE est accordée pour trois ans.

La part des exploitations viticoles demeure ultra-majoritaire (62,3 %) mais elle régresse (- 6,8 points), notamment au profit de l’élevage, qui représente désormais 20,3 % des exploitations HVE (+ 6,9 points). Dans ce secteur, les bovins viande représentent 59,1% des exploitations certifiées, devant les bovins lait (20,6%) et les ovins (11,3%).

Part des exploitations certifiées par filière (Source : ministère de l’Agriculture)
Part des exploitations certifiées par filière (Source : ministère de l’Agriculture)

Une certification intégrée au PSN...

Le millésime 2022 marque également la très forte prédilection (93,0%) pour la voie d’accès « A », fondée sur quatre indicateurs de résultats relatifs à la biodiversité, la stratégie phytosanitaire, la gestion de la fertilisation et la gestion de l’irrigation, la voie « B », reposant sur la part des infrastructures agroécologiques ou des prairies permanentes dans la SAU et le poids des intrants dans le chiffre d’affaires. Sous l’effet de la refonte du référentiel, entérinée à l’automne dernier, la voie B va disparaitre des tablettes, au profit de la seule voie A, aux exigences relevées. Ce faisant, le ministère de l’Agriculture a pu intégrer la HVE au rang de critère d’éligibilité à l’écorégime, dans le cadre du Plan stratégique national (PSN) et de la Pac 2023-2027. La HVE permet de bénéficier du niveau supérieur de l’écorégime (environ 80€/ha), sans autre condition.

... mais décriée par des associations

Le PSN devrait ainsi faire le jeu de la HVE, le gouvernement étant largement en avance sur son calendrier, établi en 2018 dans le Plan biodiversité, fixant un objectif 15.000 exploitations certifiées en 2022 et de 50.000 en 2030. Malgré son nouveau référentiel, la HVE n’est toujours pas du goût de certaines associations qui, le 22 janvier dernier, ont saisi le Conseil d’Etat le 22 janvier pour faire reconnaître « la tromperie du consommateur qui dure depuis plus de 10 ans et mettre un terme au greenwashing » dont est porteur, à leurs yeux, le label (HVE). Parmi ces associations figurent des défenseurs de l’agriculture biologique, dont la Fnab, qui estiment que la bio est mal payée de ses aménités positives sur l’environnement et la santé des consommateurs. Pour les acteurs de la bio, la surprime à l’AB de l’écorégime (environ 110€/ha) ne compense la perte de la prime à la conversion entérinée par la nouvelle Pac.

Depuis 2021, la bio subit les contrecoups de l’inflation des prix des produits alimentaires, sous l’effet de la reprise post-Covid et de la guerre en Ukraine. A cela s’ajoute s’ajoutent la défiance croissante des consommateurs envers les labels alimentaires de qualité et environnementaux, et le manque d’informations des Français sur la bio, comme la pointés le 20ème baromètre de perception et de consommation des produits biologiques, dévoilé par l’Agence bio au dernier Salon de l’agriculture.

Il faudra attendre la fin du semestre pour connaître les chiffres de l’AB relatifs à l’année 2022, qui pointait à 58.413 exploitations et 10,3% de la SAU fin 2021. Mais plus que la dynamique de conversion, c’est peut-être davantage le phénomène de déconversion qui sera alors scruté. Le ministère de l’Agriculture maintient l’objectif d’atteindre les 18% de SAU bio en 2027.