La journée génétique salers de retour

Les acteurs de la race salers ont renoué avec la “journée génétique”. Pour un travail autour de l’optimisation de l’insémination dans les élevages avec le Gaec Chassang comme support.

Pour une reprise après quatre ans d’arrêt, la journée génétique salers avait planté le décor jeudi dernier dans la vallée de Brezons. Un peu en dehors du berceau de race mais le troupeau du Gaec Chassang méritait bien le déplacement sous le signe de l’optimisation de la génétique en race pure. À l’invitation conjointe du groupe Altitude, du Herd-book salers, de la chambre d’agriculture du Cantal et d’UALC, une cinquantaine d’éleveurs avait fait le déplacement sur l’exploitation de Gérard, Martine et Pierre-Alain Chassang, installés tous les trois aux Moulinges de Paulhenc.    
Performance
Reprise en 1985 par Gérard Chassang associé d’abord avec son épouse puis rejoint par leur fils en 2015, cette exploitation est un exemple de conduite en race pure. Les performances de la centaine de mères résultent d’un travail très poussé en génétique. La famille Chassang a d’ailleurs dû reconstituer l’intégralité de son cheptel après une mesure d’abattage en 2002. Cette reconstruction du troupeau a fait principalement appel à la génétique des élevages Trin, Lamouroux, Baffoil...
“Mes parents fabriquaient du fromage près de Malbo et pour avoir plus de lait, ils avaient préféré la salers, plus productive, rappelle Gérard Chassang. Nous sommes ensuite restés fidèles à la race même quand il a fallu reconstituer le troupeau. Nous recherchons des animaux avec du lait car nous ne complémentons pas les veaux. Pour la viande, nous voulons des vaches avec du dos, là où il y a la meilleure viande.” “Des animaux avec du potentiel mixte, mais aussi de bons bassins, de bons aplombs, de la rectitude et qui puissent gagner des kilos rapidement”, complète Pierre-Alain Chassang.
Pour tout cela, le Gaec s’est orienté  vers l’utilisation de l’insémination  pour gagner du temps et optimiser la reproduction. “Il y a une vraie plus-value par l’optimisation génétique pour pouvoir travailler en race pure et démontrer que la salers peut se suffire à elle-même”, résume Dimitri Octavie, responsable technique du groupe Altitude. L’aide de la Région inscrite au Pacte Cantal en faveur des races locales est un bon levier pour s’engager dans la pratique avec
30 € d’aide par IA (insémination animale) en race pure.
Optimisation
Inséminateur durant sept ans, Pierre-Alain Chassang procède et suit lui-même les inséminations  sur 98 % des vaches entre le 25 février et le 20 avril. Chaque matin, son père détecte les chaleurs pour intervenir au meilleur moment, et ainsi ne pas perdre de temps pour le critère IVV (intervalle vêlage-vêlage). Le choix est fait d’inséminer sur la fin de la période de chaleur et au cas par cas, vache par vache, pour éviter des problèmes de consanguinité.
La famille Chassang utilise principalement les semences des taureaux Icare, Opale, Intouchable et Nevers. Un tiers des doses provient du catalogue UALC et les deux tiers des taureaux de la ferme, souvent achetés en co-propriété, et prélevés en doses privées par le groupe Altitude.
“Le Gaec met régulièrement des veaux en station et achète des taureaux, ce qui lui permet aussi de profiter des résultats collectifs de la race”, note Dimitri Octavie.
Les taureaux ne circulent pas au milieu des vaches, ce qui permet, avec l’IA, de mieux maîtriser la reproduction avec l’assurance que toutes les mères seront fécondées.
Naissance et croissance
Pour le Gaec Chassang, l’IVV avoisine régulièrement les 365 jours (le taux de renouvellement des vaches est de seulement 20 %). Le taux de mortalité est de 1,7 %  contre une moyenne de 5,7 %. Cela représente une belle performance. “Les éleveurs pèsent eux-mêmes les veaux, précise Bernard Boyer,  technicien de la Chambre d’agriculture qui suit l’élevage.
95 % des veaux sont pesés fin août. On enregistre une très belle croissance souvent avec plus de 20 kg par rapport à la moyenne alors que les jeunes sont nourris à l’herbe.”
“Le travail qui est mené ici avec une parfaite maîtrise des vêlages, sans mères improductives et peu de pertes, correspond à avoir deux vaches de moins par rapport à une conduite “classique”, présente Guillaume Loustau, responsable équipe bovins viande à la Chambre d’agriculture. C’est un gain financier de 1 000 € par rapport à la moyenne de la race. C’est par conséquent une meilleure maîtrise des charges d’alimentation. L’UGB productive est de 348 kg pour le Gaec Chassang contre 295 kg en moyenne dans le Cantal.
Ce résultat est renforcé par la vente de reproducteurs (18 mâles, 30 génisses et 15 vaches en 2023). Ce qui donne un produit “viande” élevé à 3,48 €/kg. “C’est la récompense du travail de sélection sur 20 ans seulement”, résume Guillaume Loustau. Les techniciens des différents partenaires de cette journée ont aussi présenté les performances de la race, les indicateurs comme le Caco pour avoir un élevage connecté (veaux pesés et pointés issus d’un taureau connecté...) et les schémas de sélection.