La souveraineté alimentaire s’invite au medFEL

La 15ème édition du salon méditerranéen des fruits et légumes fait la part belle aux enjeux de souveraineté alimentaire, défiés par le changement climatique et un défaut d’attractivité. Rendez-vous à Perpignan (Pyrénées-Orientales) les 26 et 27 avril.

Moins 3 milliards d’euros pour les fruits, moins 710 millions d’euros pour les légumes : tels sont les déficits commerciaux enregistrés par la France en 2022, selon Agreste. Mais il ne s’agit là que des produits frais.  Il faut y ajouter les 3,6 milliards d’euros de déficit enregistrés par les produits transformés. Soit un trou de 7,3 milliards d’euros, à mettre en perspective des 10,3 milliards d’euros d’excédent générés par l’ensemble des échanges agroalimentaires cette même année 2022.

Selon le ministère de l’Agriculture, Entre 2000 et 2020, les surfaces en légumes ont diminué de 10% (-22.200 ha) et les surfaces en cultures fruitières ont baissé de 7% (-4.000 ha). Résultats : le taux d'auto-approvisionnement en fruits et légumes frais (hors pomme de terre) est passé de 64,6% en 2000 à 50,8% en 2020 et de 73,6% à 62,7% si l’on exclut les agrumes et les fruits exotiques. Côté transformation, l’autonomie alimentaire du secteur des légumes en conserve pointe à 57% et à 26% en légumes surgelés.

Un plan de souveraineté pour regagner 5 points d’ici à 2030

Au dernier Salon de l’Agriculture, le ministère de l’Agriculture a présenté un plan de reconquête co-construit avec les filières. Objectifs : « gagner 5 points de souveraineté en fruits et légumes d’ici 2030, enclencher une hausse tendancielle à 10 points d’ici 2035, en développant des méthodes de production durable et en engageant la dynamique de reconception des systèmes de production pour réduire l’usage des produits phytosanitaires et leur impact environnemental ». Quatre axes de travail ont été inventoriés, à savoir la protection phytosanitaire, la compétitivité, la recherche et le soutien à la consommation. 400 millions d’euros du Plan France 2030 seront mobilisés en 2023 et 2024, dont 100 millions d’euros de soutien direct aux producteurs investissant dans des serres et vergers innovants.

"Nous avons des soucis importants en matière de facteurs de production, je pense notamment à la ressource en eau"

« Notre non-autosuffisance en fruits et légumes remonte à plus de 50 ans, a déclaré Jean-Marie Séronie, agro-économiste, membre de l’Académie d’agriculture de France, à l’occasion d’une conférence de presse de présentation du salon medFEL, programmé à Perpignan (Pyrénées-Orientales) les 26 et 27 avril. Il n’y a pas de phénomènes brutaux alarmants. En revanche, nous avons des soucis importants en matière de facteurs de production, je pense notamment à la ressource en eau, qui dépendent pour partie de notre politique et de notre organisation ». Une affirmation à la résonnance toute particulière dans les Pyrénées-Orientales (PO) justement, 1er département producteur de pêches nectarines et de laitues, le 2ème en concombres, le 5ème en abricots, le 2ème bassin de production d’artichauts, mais où maraichers et arboriculteurs, en butte à une sécheresse historique,  s’interrogent sur leur capacité à continuer de produire. Le sujet de l’eau et plus largement du changement climatique constituera un des fils conducteurs du medFEL, avec également la question de l’emploi, autre facteur critique, et que le salon abordera sous formes d’ateliers medEMPLOI.

Les ateliers, conférences et tables rondes du 26 avril

10h30 : prévisions européennes de récoltes des abricots 

14h00 : anticipations de plantations de melons 

14h00 : agriculture et énergie : des solutions durables pour lutter contre le changement climatique.

15h30 : défi climatique : les filières agri-agroalimentaire à l’heure de la transition agro-écologique, par Jean Viard, sociologue et directeur de recherche associé CEVIPOF-CNRS,

17h00 : repenser la gestion de l’eau dans un monde en transition

Les ateliers, conférences et tables rondes du 27 avril

9h30 : attractivité des métiers de la filière fruits et légumes : « Un élan pour de nouveaux enjeux ! »

10h00 : quelles perspectives pour le marché bio ?

11h00 : remettre de la valeur dans l’alimentation : comment s’y prendre ?

11h00 : les accompagnements en besoin de recrutement : « Des solutions existent ! »

11h00 : opportunités de financement et économies d’énergie pour les acteurs de la filière agricole et agroalimentaire

14h00 : comment intégrer la culture de fleurs coupées dans sa production ?

14h30 : Souveraineté alimentaire : comment mieux nourrir le monde du demain, par Jean-Marie Séronie, agro-économiste, membre de l’Académie d’agriculture de France

15h00 : production méditerranéenne de plantes et fleurs coupées, une alternative crédible face au changement climatique

16h00 : énergie et agrivoltaisme, une solution pour les productions de fruits et légumes ?