Le bien-être animal, au cœur des préoccupations sociétales et du SOMMET DE L’ÉLEVAGE !

Nous ne le répéterons jamais assez, le SOMMET DE L’ÉLEVAGE est bien plus qu’un carrefour d’affaires. L’événement qui a franchi cette année la barre des 100 000 visiteurs est aussi une vaste agora d’information. Chaque année, des centaines de conférences et colloques traitant des thèmes phares de l’actualité agricole sont organisées dans le cadre de ce 1er rendez-vous européen des professionnels de l’élevage. Parmi, les thématiques abordées, il en est qui sont particulièrement récurrentes année après année. C’est notamment le cas du bien-être des animaux d’élevage, une des préoccupations fortes de notre société. Nous avons voulu en savoir plus sur les évolutions des pratiques en élevage et les initiatives mises en place pour améliorer les conditions de vie des animaux d’élevage. Dans ce cadre, nous sommes allés à la rencontre de Luc Mounier, responsable de la chaire bien-être animal à VetAgroSup.

Nombreuses sont les évolutions qui ont vu le jour ces deux dernières années sur le plan réglementaire. Pouvez-vous nous en dire plus ?

LM : « La première est le décret n°2020-1625 du 20 décembre 2020 qui impose à chaque élevage de désigner un référent bien-être animal depuis le 1er janvier 2022. Cette disposition est assortie d’une obligation de formation pour les référents en élevages de porcs et de volailles. Pour ces derniers, il s’agit de suivre un module distanciel de deux heures sur les notions générales du bien-être animal appliquées aux élevages ainsi qu’un module présentiel de sept heures sur des aspects plus spécifiques choisis par le référent en fonction de ses besoins. Si l’obligation ne concerne actuellement que les éleveurs de porcs et de volailles, les éleveurs de ruminants ont également la possibilité de se former et un MOOC (cours en ligne gratuit) est disponible depuis septembre 2022 sur le « bien-être des troupeaux laitiers ».

Cette évolution réglementaire est parfois perçue comme une contrainte supplémentaire par les éleveurs pour lesquels la santé et le confort de leurs animaux sont des préoccupations permanentes. Pour autant, je trouve cette obligation de formation très pertinente : les connaissances scientifiques évoluent, notamment vis-à-vis des émotions des animaux, de leur capacité de représentation ou encore de leur comportement. Les pratiques doivent donc intégrer ces nouvelles connaissances pour améliorer le bien-être et les conditions de vie des animaux. Or les éleveurs, par leurs interactions quotidiennes et les soins qu’ils apportent aux animaux, sont les acteurs clés de l’amélioration concrète, au jour le jour, du bien-être des animaux ! »

HBC

Crédit photo : HBC

 

D’autres évolutions réglementaires majeures concernent les porcelets et les poussins mâles.  Qu’est-ce que cela implique concrètement ?

LM : « Les autres évolutions réglementaires majeures récentes sont l’interdiction de la castration à vif des porcelets depuis le 31 décembre 2021 et la fin de la mise à mort des poussins mâles dans la filière poules pondeuses pour les œufs de consommation à compter du 31 décembre 2022.

La castration des porcelets reste possible par un vétérinaire ou par un éleveur ayant suivi une formation obligatoire, dès lors qu’il n’y a pas déchirement des tissus et avec un traitement analgésique ou antalgique. Cette évolution est certes contraignante pour les éleveurs et les filières qui doivent encore adapter leurs pratiques ou trouver des alternatives, mais cela permet de limiter la douleur qui est un critère important de bien-être.

La fin de la mise à mort des poussins mâles ne concerne que les couvoirs qui doivent mettre en place des appareils permettant de déterminer le sexe de l’embryon dans l’œuf afin de ne faire éclore que les œufs contenant des embryons femelles. »

 

Y a-t-il des initiatives volontaires qui apparaissent ?

LM : « Effectivement. En parallèle de ces obligations réglementaires, on constate l’émergence de nombreuses initiatives volontaires en faveur d’une amélioration du bien-être des animaux dans les élevages. C’est le cas par exemple de l’étiquette bien-être animal, qui permet d’informer les consommateurs du niveau de bien-être des animaux dont sont issus les produits qu’ils achètent. Cette étiquette, qui rassemble des associations de protection animale, des acteurs de la distribution et des organisations de producteurs, permet de catégoriser le bien-être de A (excellent) à E (minimal). Elle ne concerne actuellement que le poulet de chair mais devrait prochainement se déployer en élevages de porcs et de bovins.

Les filières lancent également des initiatives. C’est le cas par exemple avec la méthode Boviwell qui permet d’évaluer le bien-être en élevage bovins et avec la méthode Ebène pour les élevages de volailles. »

Jérôme Chabanne

Crédit photo : Jérôme Chabanne

 

Et du côté des éleveurs ?

LM : « De nombreuses initiatives individuelles voient également le jour chez des éleveurs qui initient de nouvelles pratiques vertueuses pour le bien-être des animaux.

Par exemple, on peut citer des initiatives autour des vaches nourrices en production laitière : cela consiste à faire adopter deux à trois veaux à une vache jusqu’au sevrage et favorise ainsi leur bien-être. On peut mentionner également le mélange précoce des porcelets qui facilite leur sociabilisation ou encore la mise en place d’enrichissements du milieu en bâtiment de volailles ou de bovins. »

 

En résumé, on peut dire que de très nombreuses évolutions en faveur du bien-être des animaux ont donc été mises en place ces dernières années et qu’il est important de s’inscrire dans une démarche d’amélioration permanente. Est-ce bien cela ?

LM : « En effet. D’abord parce que le bien-être des animaux et le bien-être des éleveurs sont étroitement liés : l’amélioration de l’un contribue à l’amélioration de l’autre. Mais qui plus est, les pratiques d’élevage évoluent elles-mêmes en permanence : les consommateurs demandent plus de plein air, des fermes à « taille humaine », des pratiques agro écologiques... sans toujours connaître réellement les conditions de vie des animaux, ce qui est fait dans les élevages, et sans être nécessairement prêts à payer plus ! D’où la nécessité pour les éleveurs de s’informer, de se former, d’échanger leurs initiatives et leurs bonnes pratiques en matière de bien-être des animaux.

Il est enfin nécessaire de faire connaître ces initiatives auprès des consommateurs pour réduire l’incompréhension qui peut parfois exister et entrainer des attentes pas toujours pragmatiques. Cela peut se faire directement par les éleveurs, par l’ouverture des élevages au public par exemple, mais aussi via les ressources produites par des acteurs institutionnels du bien-être des animaux. »

Pour en savoir plus : chaire-bea.vetagro-sup.fr

 

Plus d'informations :

Site internet : www.sommet-elevage.fr
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