Le groupe Claas perd avec Helmut Claas l’un de ses dirigeants historiques

Fils du fondateur du groupe familial allemand, Helmut Claas s’est éteint à l’âge de 94 ans. L’industriel avait fait de la France une de ses terres d’élection, en implantant en 1961 son usine de presses près de Metz (Moselle) avant d’acquérir son statut de tractoriste avec le rachat de Renault Agriculture initié en 2003 et son usine du Mans (Sarthe).

Le groupe Claas a annoncé la disparition d’Helmut Claas à l’âge de 94 ans. Fils du fondateur August Claas, Helmut Claas aura présidé aux destinées de l’entreprise durant plusieurs décennies, avant d’en céder les rênes à sa fille Cathrina Claas-Mühlhäuser, aujourd’hui présidente du comité des actionnaires.

Helmut Claas était né à Harsewinkel dans le land de Westphalie, qui voit naître l’entreprise en 1913 et qui héberge toujours son siège social. La guerre coupe l’herbe sous les pieds d’August Claas qui commence par produire des lieuses à paille, une entreprise destinée à la base à sauver l’exploitation agricole de ses parents.

Après la guerre, August Claas tente de résoudre les défauts du liage et met au point un noueur, breveté en 1921 et 1923 et qui se distingue par sa faculté à s’affranchir des problèmes qualitatifs de la ficelle d’alors. L’invention, plébiscitée en Allemagne mais aussi à l’étranger, sera exploitée par d’autres fabricants de lieuses. Elle fondera l’assise de Claas autant qu’elle déterminera son tropisme pour les machines de récolte.

La lieuse à l’origine du groupe Claas
La lieuse à l’origine du groupe Claas

Première en Europe

En 1936, le constructeur présente la première moissonneuse-batteuse-lieuse fabriquée en Europe, une machine tractée capable de récolter entre 15 et 20 t par jour (contre 100 t/h aujourd’hui) et dont le seuil de rentabilité est fixé à 62,5 ha à l’époque (là, on vous laisse juge).

En 1953 sont produites les premières automotrices. La nécessité de se diversifier pousse le constructeur à se lancer dans la fabrication de presses (1961), tandis qu’il rachète avec Bautz et Speiser deux entreprises spécialisées dans la fabrication de faucheuses, faneuses, andaineurs, remorques chargeuses et ensileuses. La première Jaguar sera présentée en 1973 tandis que la Dominator inscrit la moisson dans une nouvelle dimension, avant l’arrivée des Lexion (1995).

La première moissonneuse-batteuse automotrice est conçue en 1953
La première moissonneuse-batteuse automotrice est conçue en 1953

Une entreprise francophile

Dans les années 1970, Claas tente de se lancer dans la construction d’un tracteur, en vain, même si le détonant Xerion finira par sortir des chaines de production d’Harsewinkel. La mise en vente de Renault Agriculture permet à Claas d’intégrer le cercle fermé des tractoristes, une opération à double détente car si elle inscrit Claas dans la cour des grands, elle dote le groupe d’un réseau de distribution propre et lui permet de ne plus dépendre des autres marques pour assurer la distribution de ses matériels de récolte. C’est Helmut Claas qui conclut l’opération, initiée en 2003 et finalisée en 2008.

La France n’était pas une terre étrangère pour Helmut Claas, qui avait achevé son cursus agricole à Paris dans les années 1950, avant de créer la filiale française. En 2021, la France est une tête de pont majeure pour le groupe, tant au plan commercial qu’industriel. Elle représente 18,6% du chiffre d’affaires, un niveau similaire à celui enregistré en Allemagne, et 20% des effectifs du groupe.

2003 : l’usine du Mans troque l’orange pour le vert anis
2003 : l’usine du Mans troque l’orange pour le vert anis

Au cours des dernières années, le groupe a investi 140 millions d’euros dans ses trois principales infrastructures que sont l’usine de tracteurs du Mans (Sarthe) et dont une ré-inauguration est programmée en mai, l’usine de presses de Metz-Woippy (Moselle) et le tout nouveau technopole d’Ymeray (Eure-et-Loir).

Une France reconnaissante : en 2009, Helmut Claas est élevé par la République française au rang de chevalier de la Légion d’honneur, en récompense pour ses services rendus au titre de la coopération franco-allemande. Helmut Claas était également détenteur du Mérite agricole.