Le Modef ne veut pas d’un fonds « gelé » à 1 milliard d’euros

Le syndicat estime que le montant du fonds de solidarité est trois à quatre fois inférieur à la réalité du préjudice dû aux épisodes de gel du mois d’avril. Réclamant des indemnisations à hauteur de 80%, le Modef appelle à manifester le 25 mai à Avignon.

« Selon les estimations des DDT de l’Hérault, du Lot-et-Garonne et du Vaucluse, les dégâts dus aux épisodes de gel du mois d’avril s’élèveraient à 800 millions d’euros », déclare Raymond Gilardi, vice-président du Modef. Avec simplement trois départements sur la cinquantaine touchée, on a consommé quasiment l’intégralité du fonds de solidarité ». A l’occasion d’une conférence de presse, le Modef a lancé un cri d’alerte à l’intention des pouvoirs publics, tout en saluant dans le même temps la réactivité du gouvernement.

"Le gouvernement a pris le dossier à l’envers"

Mais le compte n’y est pas. « Le gouvernement a pris le dossier à l’envers », juge Didier Gadea, secrétaire générale du syndicat, Didier Gadea, secrétaire général du Modef, et viticulteur coopérateur à Montagnac, dans l’Hérault. Montagnac, c’est précisément la commune où le Premier ministre a annoncé, le 17 avril dernier, le plan de solidarité d’un milliard d’euros. « Je me demande comment le gouvernement est arrivé à ce chiffre alors qu’aucune évaluation des dégâts n’avait été faite et qu’elle reste à ce jour encore loin d’être achevée ».

Selon le Modef, le préjudice devrait dépasser les trois ou quatre milliards. Outre les pertes de chiffres d’affaires liées au manque de récolte, le syndicat pointe une forme de réplique du gel, qui va se matérialiser dans les années à venir par des pertes de marché, les opérateurs s’approvisionnant auprès d’autres fournisseurs trop heureux de combler le vide.

"La récolte a disparu, donc il ne peut pas y avoir entorse à la concurrence"

Le syndicat demande une réévaluation conséquente du fonds de solidarité et un taux d’indemnisation équivalent à 80% des pertes et non 40% comme avancé par le ministère de l’Agriculture. « Le gouvernement se réfugie derrière les règlements européens et les entorses à la libre concurrence, souligne Raymond Gilardi. Mais la récolte a disparu, donc il ne peut pas y avoir de concurrence ». « Pendant la crise de 2008 due à la bulle spéculative, on ne s’est pas posé autant de questions pour renflouer les banques », renchérit Didier Gadea.

S’agissant du fond d’urgence, crédité de 20 millions d’euros, et permettant d’attribuer jusqu’à 5000 euros aux exploitations en très grande difficulté, le Modef réclame que le fonds soit porté à 100 millions d’euros.

A plus long terme et s’agissant de la réforme des régimes assurantiels, le Modef plaide pour la création d’un fonds de mutualisation abondé par toute la chaine de valeur, jusqu’aux distributeurs, avec la contribution de l’Etat.

La Modef appelle ses partisans à manifester le 25 mai devant la Préfecture du Vaucluse. « Ce n’est pas une question de surenchère vis-à-vis du gouvernement. C’est une question de vie et de mort de dizaines de milliers d’exploitations », conclut Raymond Gilardi.