Le gel frappe à nouveau des pans entiers de l’agriculture

Les vignes et vergers de nombreuses régions ont été touchés par deux nuits consécutives de gel, dont les impacts a priori conséquents restent à affiner, d’autant que la menace couvre encore pour la nuit à venir. Outre le dispositif des calamités agricoles, le Premier ministre évoque l’ouverture, « si nécessaire », d’un fonds d’urgence.

Un an quasiment jour pour jour pour jour après l’épisode gélif des 4-14 avril 2021, qualifié alors par le ministre de l’Agriculture de « plus grande catastrophe agronomique du XXIème siècle », l’agriculture est de nouveau victime d’un gel d’une grosse intensité. Selon Météo France, il n'avait jamais fait aussi froid une nuit d'avril depuis la création de l’indicateur thermique national en 1947, avec une moyenne de -1,5°C enregistrée dans la nuit du 3 au 4 avril. Le gel a touché la quasi-totalité du pays, à l'exception de Paris intramuros et des littoraux méditerranéens et de la Manche. Des records ont été battus notamment à Mourmelon (Marne, -9,3°C), Châteauroux (Indre, -5,6°C) ou encore à Vannes (Morbihan, -3,2°C).

Les écarts aux normes montrent une importante douceur du 1er février au 31 mars, suivi d'une chute exceptionnelle des températures (Source : Infoclimat)
Les écarts aux normes montrent une importante douceur du 1er février au 31 mars, suivi d'une chute exceptionnelle des températures (Source : Infoclimat)

Menace encore active, dégâts à estimer

Selon Emmanuel Buisson, expert météo chez Weenat, le risque de gel radiatif pour la nuit du 4 au 5 avril n’est pas levé pour toutes les régions. Le flux océanique entrant par la façade Ouest ne touchera que le Nord de la Loire aujourd’hui, prédit-il. Le risque de gelées reste très élevé pour toutes les régions au Sud d’une ligne Bordeaux – Limoges – Dijon. Certaines zones du Sud-Est et de la vallée du Rhône pourraient être également touchées, selon l’expert.

Selon Serge Zaka, agroclimatologue chez ITK, les pertes de production potentielles, pour les cultures non protégées et en présence des variétés et/ou de cépages ayant débourrés, seraient compris, pour la seule nuit du 3 au 4 avril, entre 50% et 100% sur des bassins de production tels que Cognac, Chablis, Pays de Loire, Centre, Bourgogne et de 20 à 50% sur le Bordelais, la Normandie et le centre de la Bretagne.

En ce qui concerne les céréales, Arvalis estimait, en date du 30 mars, que les céréales risquaient d’être « peu impactées » par la chute des températures, tout en se réservant son diagnostic final une semaine après l’épisode de froid.

Comme l’an passé, l’épisode de gel survient brutalement et massivement après des températures plus élevées sur la normale au cours des semaines précédentes.

"Si cela s’avérait nécessaire, un fonds d’urgence sera ouvert, à disposition des préfets des départements les plus concernés"

Dès dimanche, le Premier ministre a manifesté son soutien au secteur. « En tout état de cause, si comme on peut le craindre, les pertes devaient être importantes, l'État sera aux côtés des agriculteurs touchés, comme il l’avait été tout particulièrement lors de l’épisode de gel d’avril 2021, avec la mise en place d’un plan d’ampleur, a indiqué Jean Castex dans un communiqué. Si cela s’avérait nécessaire, un fonds d’urgence sera ouvert, à disposition des préfets des départements les plus concernés ».

En attendant, c’est le dispositif des calamités agricoles qui devrait être enclenché, et probablement pour la dernière année, en vertu de la réforme des outils de gestion des risques agricoles, promulguée le 2 mars dernier.