Le monde en surchauffe

[Edito] 8 milliards d’habitants, des prix alimentaires au plus haut, un climat de plus en plus chaud : à l’heure où se clôture la Cop27, la grand-messe des nations sur le climat, l’heure n’est plus aux tergiversations mais aux actions.

Après avoir entretenu le doute, le président russe Vladimir Poutine a acté, à la veille de son expiration le 18 novembre, la reconduction du corridor maritime permettant l’export de grains en provenance d’Ukraine. L’annonce du maintien de ce corridor a permis de détendre les cours des céréales, ou du moins éviter que ceux-ci ne flambent à nouveau.

Les prix mondiaux des produits alimentaires ont beaucoup baissé depuis le pic atteint en mars dernier, au moment du début de la guerre en Ukraine. Mais ils demeurent sur des niveaux historiquement élevés : en octobre 2022, l’indice FAO des prix des produits alimentaires, calculé chaque mois, était toujours supérieur de 2% à celui d’octobre 2021, de 34% à celui d’octobre 2020 et de 43% à celui d’octobre 2019.

Alerte sur la sécurité alimentaire mondiale

Dans ce contexte, le coût des importations a flambé et l’ONU s’est récemment alarmée de cette hausse des dépenses au niveau mondial. Dans un rapport publié le 11 novembre, la FAO fait état de « signes alarmants du point de vue de la sécurité alimentaire, car ils indiquent que les importateurs ont du mal à financer ces coûts internationaux toujours plus élevés ». L’agence onusienne estime que les dépenses d’importations alimentaires devraient atteindre près de 2 000 milliards de dollars en 2022, l’augmentation de la facture étant due en majeure partie aux pays à revenu élevé. « La facture totale des importations alimentaires des pays à faible revenu devrait rester presque inchangée alors que les volumes importés devraient reculer de 10%, signe que l’accessibilité devient de plus en plus un enjeu pour ces pays », alerte la FAO.

Selon les estimations des Nations unies, la population mondiale a franchi cette semaine la barre symbolique des 8 milliards d’habitants. Le nombre a doublé en presque 50 ans, et continue d’augmenter, même si la croissance démographique s’est ralentie. Comment nourrir 9 voire 10 milliards d’habitants dans les années à venir tout en diminuant nos gaz à effets de serre pour éviter l’emballement climatique, dont nous subissons déjà les effets ?

Surconsommation des ressources

La Cop27, le grand rendez-vous des nations sur le climat, qui se clôture ce vendredi 18 novembre, est comme chaque année l’occasion de discuter de la question cruciale du dérèglement climatique et de ses impacts sur nos sociétés. Mais les conséquences concrètes de ces grands-messes sur le climat sont loin d’être visibles : fixé lors de l’Accord de Paris en 2015, l’objectif de limiter à 1,5°C le réchauffement climatique d’ici à la fin du siècle a malheureusement du plomb dans l’aile. 

Modifier nos modes de vie n’est désormais plus une option et le « jour du dépassement » illustre bien cette nécessité. Cette date, calculée à partir du rapport entre la consommation annuelle de l’humanité en ressources naturelles et la capacité de régénération des ressources par la planète, était établie cette année au 28 juillet. En 1970, ce seuil était franchi le 29 décembre. En France, le jour du dépassement a eu lieu le 5 mai 2022. Si toute l’humanité adoptait un mode de vie semblable au Français moyen, il faudrait 2,9 planètes pour subvenir à nos besoins.