Le plan de l’UE pour atteindre 25% d’AB en 2030

La Commission européenne entend stimuler la demande et l’offre et renforcer la durabilité de l’agriculture biologique. Elle veillera à ce que les Programmes stratégiques nationaux s’inscrivent dans cette trajectoire, en réservant à l’AB entre 10% et 15% du budget de la Pac, via les éco-régimes.

23 actions pour porter à 25% le taux d’AB au sein des 27 Etats membres de l’UE à l’horizon 2030 : telle est en résumé l’ambition de la Commission européenne formalisée dans son plan d’action 2021-2027. Actuellement, la part de la SAU certifiée en AB s’élève à 8,5% à l’échelle de l’UE. C’est aussi le taux français. Au sein de l’Union, l’écart varie entre 0,5% (Malte) et 25% (Autriche), ce qui fait dire à la Commission que des progrès sont possibles.

Au rythme actuel de croissance, le taux européen pourrait s’établir entre 15% et 18% à l’horizon 2030. C’est insuffisant pour la Commission qui s’est fixé l’objectif, inscrit dans le Green Deal (Pacte vert), d’atteindre 25% en 2030.

Stimuler la demande

Pour pousser à la conversion, la Commission veut stimuler la demande des consommateurs, en communicant sur les avantages environnementaux, économiques et sociaux de l'agriculture biologique. Une journée européenne de l’agriculture bio sera par exemple instaurée. Bruxelles mise sur la commande publique et notamment sur la restauration scolaire pour accroître la demande. A l’attention des personnes défavorisées, elle évoque l’instauration de bons d'achat d'aliments bio. Les secteurs de la distribution et de la restauration commerciale sont aussi invités à mettre en avant les produits AB.

Pour renforcer la confiance des consommateurs, la Commission prévoit de renforcer les systèmes de lutte contre la fraude, en instaurant notamment une base de données des certificats de tous les opérateurs de l'UE, puis des pays tiers.

En matière de traçabilité, la Commission travaille sur des solutions telles que les passeports numériques. Le recours à la blockchain pourrait contribuer à renforcer la certification, en assurant la transparence et la traçabilité tout au long de la chaîne d'approvisionnement.

Massifier l’offre

Pour assurer la montée en charge de l’AB, la Commission mise bien évidemment sur les subsides de la Pac. Dans la programmation actuelle, l’AB mobilise moins de 2% du budget de la Pac. La Commission souhaite voir cette part grimper entre 10% et 15%, selon l’issue des négociations en cours à Bruxelles avec le Parlement et le Conseil. En forçant sur l’AB, Bruxelles escompte simultanément se donner des gages pour atteindre d’autres objectifs assignés au Green Deal, que sont la réduction, de 50% de l’usage et de la nocivité des pesticides, de 20% de l’usage des engrais minéraux et de 50% l’usage des antibiotiques dans l’élevage et l’aquaculture.

La Commission mise sur la recherche pour resserrer les écarts de rendement entre les modes de production conventionnels et bio et sur des fermes-pilote et des programmes de type Eip-Agri pour assurer le transfert de connaissances.

La Commission entend par ailleurs lever des freins à l’organisation des producteurs (OP), notamment les plus petits et/ou les plus isolés des chaines de transformation et de valorisation des produits. Ces OP permettraient en prime de capter des financements spécifiques de la Pac.

La Commission évoque par ailleurs le processus de certification collective, permettant d’en abaisser le coût, et qui entrera en vigueur avec le nouveau règlement AB le 1er janvier 2022.

Dans le secteur de l’élevage, le programme Horizon Europe sera mobilisé pour identifier des sources de vitamines et de protéines alternatives.

Renforcer la durabilité

La dernière section du plan d'action touche au renforcement de la durabilité des systèmes en AB. La Commission s’engage à investir dans la recherche et l'innovation dans différents domaines tels que la préservation et l'utilisation des ressources génétiques, les activités de présélection et de sélection et la disponibilité de semences biologiques ou encore le développement d'approches alternatives aux intrants litigieux tels que le cuivre.

En outre, la Commission mettra en place un réseau d'exploitations biologiques de référence en matière d’empreinte carbone en vue de partager les meilleures pratiques.

Elle entend définir un cadre concernant l’usage de plastiques biosourcés, compostables et biodégradables.

En ce qui concerne le bien-être animal, Bruxelles projette de réviser la législation de façon à ce que l’agriculture biologique soit un modèle en la matière, à tous les stades de la vie de l’animal, transport et abattage compris.