Le Sud-Ouest aux prises avec son premier foyer de grippe aviaire

Un foyer d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de type H5N1 a été confirmé le 16 décembre dans un élevage de canards prêts à gaver situé à Manciet dans le Gers, annonce le ministère de l’Agriculture. C’est le 8ème identifié au sein d’un élevage depuis le 26 novembre, les sept autres étant localisés dans le Nord.

C’est ce que toute une profession et toute une région redoutaient : l’influenza aviaire a été détectée le 16 décembre dans un élevage du Sud-Ouest, plus précisément sur la commune de Manciet, située à l’Ouest du département du Gers. L’élevage de canards prêts à gaver a depuis été dépeuplé et désinfecté. Afin de limiter les risques de diffusion du virus, deux élevages en lien épidémiologique avec le premier foyer vont être dépeuplés, ainsi que cinq autres élevages de palmipèdes situés dans les 3 km autour du foyer. Une zone de protection de 3 km et une zone de surveillance de 10 km ont par ailleurs été instaurées par le Préfet du Gers.

Les zones réglementées liées aux foyers et cas sauvages IAHP détectés en France en date du 16 décembre (Source : ministère de l’Agriculture)
Les zones réglementées liées aux foyers et cas sauvages IAHP détectés en France en date du 16 décembre (Source : ministère de l’Agriculture)

Le risque d’une 4ème épidémie en six ans

Depuis le mois d’août dernier, les virus de l’influenza aviaire circulent activement en Europe par l’intermédiaire des oiseaux migrateurs. En France, un premier élevage situé dans le Nord avait été détecté le 26 novembre dernier, puis six autres dans ce même département.

L’arrivée du virus dans le Sud-Ouest est porteuse d’une lourde menace pour les élevages, notamment pour la filière foie gras. Au cœur de l’hiver 2020-2021, l’épidémie s’était déclarée le 6 décembre dans un élevage des Landes, après une première vague de 8 foyers détectés en Corse. Trois départements, à savoir les Landes, le Gers et les Pyrénées-Atlantiques, ont concentré 95% des cas. L’épidémie s’est traduite par l’abattage préventif de 1,1 million de volailles, le dépeuplement préventif de 2,2 millions de volailles et le défaut de mise en place de 4 millions de canards.

Selon un rapport récent du Conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux (CGAAER), consacré à la piste vaccinale, sans compter les moyens humains, l’épizootie de 2020-2021 a coûté à l’Etat entre 201 et 226 millions d’euros, dont 155 à 170 millions d’euros de compensation pour pertes de production et 46 à 56 millions d’euros au titre des indemnisations sanitaires.

Nouvelle stratégie de prévention et de lutte

Au cours des cinq derniers hivers, la grippe aviaire a frappé les élevages à trois reprises, après une période de répit de dix ans comprise entre 2006 et l’hiver 2015-2016.

Suite à la dernière épidémie, le ministère de l’Agriculture a défini une nouvelle stratégie de prévention et de lutte, qui s’est traduite par deux arrêtés datés du 29 septembre 2021, ainsi qu’une nouvelle gouvernance de crise.

La nouvelle législation impose la mise à l’abri des volailles (poules, pintades, dindes) et des palmipèdes partout sur le territoire dès lors que le risque de grippe aviaire est considéré comme élevé. En situation de risque modéré, la mise à l’abri s’impose pour les volailles situées en Zone à risque particulier (ZRP), soit 5319 communes correspondant à des zones humides ou des couloirs de migrations de l’avifaune) et pour les palmipèdes situés en Zone à risque de diffusion, soit 538 communes réparties sur neuf départements (32, 40, 44, 47, 49, 64, 65, 79, 85).

La Confédération paysanne et le Modef ont déclaré leur opposition à cette nouvelle législation, synonyme d’enferment prolongé des volailles, en contradiction avec les cahiers des charges « plein air ». Ces deux organisations ont déposé un recours en référé devant le Conseil d’Etat, qui doit rendre sa décision incessamment sous peu.